RDC – Télécoms : À l’ère des mobiles money, les revendeurs des cartes prépayées et crédits électroniques se plaignent

En Rd-Congo, le secteur des télécommunications a été très mouvementé durant cette année (2020), notamment avec la hausse de prix de crédit téléphonique influencé par la parité dollar américain-franc congolais.

À la fin de cette année, la rédaction d’Eventsrdc.com s’est intéressée de la manière dont fonctionnent ces détaillants des cartes prépayées afin de faire des bénéfices et de nouer les deux bouts du mois.

Selon quelques revendeurs interrogés dans la ville-province de Kinshasa et à Kasangulu, ce marché perd de plus en plus sa valeur du fait que les sociétés de télécommunications se substituent également en détaillants, en lieu et place de demeurer producteurs des crédits d’appels et de forfaits internet et grossistes.

« Comme tout business celui-ci aussi a des risques. Étant humain, il nous arrive de commettre des erreurs dans l’envoi des crédits d’appels ou des forfaits internet. Avec ces erreurs, lorsque l’on n’a pas un fond de commerce consistant, on fait faillite. De nos jours, célibataires ou pères de famille, c’est très dur de ne vivre que de ce business », a fait savoir Olivier -revendeur à Kinshasa Bandal Moulaert.

Contactez la rédaction au +243 810000579

Pour ceux qui ont déjà une certaine maîtrise de ce marché, le secret est d’avoir un bon positionnement et un fond de commerce constant, mais aussi associer d’autres activités autour de celle-ci. « Tout part d’abord de l’endroit où se situe votre business. La rentabilité devient de plus en plus difficile et il faut être stratège pour s’en sortir. Avant la venue de mobiles money et de son éclosion, il m’arrivait de vendre 100 dollars et bénéficiait de 10 dollars. Ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle. Vendre pour 50 dollars, c’est toute une affaire », nous a expliqué Didier devant sa cabine à Kintambo Vélodrome, à l’ouest de Kinshasa.

Et de rajouter : « C’est toujours mieux d’associer la vente des cartes prépayées à d’autres activités notamment les mobiles money, le change de monnaie… ».

Les mobiles money et contraste des prix sur le marché

Dans son coin de travail, à Kintambo, Jonas qui est considéré comme le doyen dans ce métier par ses pairs, se souvient de ces années où il y avait un prix uniforme sur le marché kinois. « À l’epoque, nous avions tous un prix uniforme. Or, aujourd’hui, il y a contraste des prix. Quand un autre revendeur à mes côtés, vend 100u à 2000FC pendant que moi, je les vends à 2200FC, le choix du client est clair. Voulant vendre, nous essayons de nous adapter selon l’environnement où nous vendons et au final, nous ne gagnons pas grand-chose. Or, chaque revendeur a son lieu d’approvionnement et tous ces grossistes ne vendent pas toujours avec la marge bénéficiaire. Auparavant, les grossistes ou les super dealers étaient connus et identifiables à tous. Depuis un moment, notre marché kinois est devenu très complexe et hybride », a-t-il expliqué.

« À l’allure où vont les choses, il y a risque que les détaillants ne vendent plus de crédits ni des forfaits internet parce que les opérateurs qui sont censés vendre en gros, se sont transformés en détaillants à travers les services de mobile money. Elles vendent 100u à 2.010FC et les data au même prix que nous, mais avec les bonus jours et nuits. Ce qui nous cochonnent davantage », a regretté James -tenancier d’une cabine depuis 2011 au quartier UPN, à Kinshasa Ngaliema.

Pour explique Charlène -grossiste et  détaillant : « Depuis 2018, les clients préfèrent faire des dépôts pour acheter directement des forfaits appels ou data par mobiles money, plutôt que chez nous. Ce qui est un manque à gagner énorme. Par jour, nous recevons parfois une vingtaine de personnes voulant faire des dépôts de 2000FC voire 3000FC dans leur compte pour acheter auprès des sociétés de télécommunications ».

Et de rajouter : « Même la commande auprès de nous grossistes devient devient difficile vu que de nos jours, les détaillants ont du mal à épuiser 50 dollar de crédits. Nous nous approvisionons seulement pour éviter d’avoir un manque en cas de demande ».

N’etant pas organisé en collectif ou en  association, chacun de ces commerçants se plaint dans son coin et essaie de gérer cette situation individuellement. À en croire certains d’entre eux, une marche pacifique ou un boycott peut résoudre ce problème qui est une concurrence déloyale.

GLODY NDAYA
MYRIAM NZEKE