RDC – Un an du ministère du numérique : le bilan varié des acteurs du secteur (Analyses)

Nouvellement instauré en République Démocratique du Congo, le ministère du numérique tenu par Cashmir Eberande, a totalisé une année de fonction au mois d’avril 2022.

Du code du numérique à la promotion et encadrement de l’écosystème du numérique en passant par la charte graphique du gouvernement, au data center national et au programme de transformation numérique en Rd-Congo, plusieurs réalisations sont à compter dans cette première année du ministère du numérique qui est encore à ses premiers pas en Rd-Congo. Après une année de fonction, il s’avère important d’évaluer les actions menées par ce ministère qui a en sa charge, un secteur en pleine expansion.

C’est dans cette optique que votre rédaction Eventsrdc.com a prêté la voix aux acteurs évoluant dans le numérique et dans les TIC en Rd-Congo afin d’établir une certaine évaluation de ce nouveau ministère qui se veut être un facteur clé du développement du numérique en Rd-Congo. Si pour certains d’entr’eux le bilan d’un an du ministère du numérique sous Cashmir Eberande est positif, pour d’autres plusieurs points prioritaires dans ce secteur retardent encore.

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Cyberjuriste, Me Medel Diawa pense qu’il est difficile de faire une évaluation à juste titre du ministère du numérique dans la mesure où les attributions de ce nouveau ministère n’ont été fixées que plusieurs mois après. Ce qui fait que le ministère a évolué pendant des mois sans qu’il y ait une ordonnance qui fixe ses attributions et qui le limite par rapport au ministère des Postes, télécommunications et nouvelles technologies de l’information et de la communication. Selon ce Cyberjuriste, en une année, certaines choses ont été faites mais il y a encore beaucoup de défis.

« Ce ministère vient nouvellement d’être installé en Rd-Congo. Pour cette première année, il était question pour le ministère de faire une prise de contact et une feuille de route de ce qui doit être fait dans ce ministère. Je pense qu’il faut accorder au ministère Eberande d’aller jusqu’à la fin de son mandat et je crois qu’il peut faire de grandes choses », a dit Yannick Mubenga, informaticien et responsable des programmes de formation de l’asbl Lumumba Lab. Dans cette même logique, Kevin Mukendi, secrétaire général de Internet Society, qui, relevant les réalisations du ministère, notamment avec  la loi portant code du numérique, le portail numérique, le code-à-barre ainsi que le lancement des démarches pour doter la Rd-Congo de son premier Data center, pense que cette première année sous le ministre Eberande a été positive.

Les points sombres du bilan d’un an du ministère du numérique

Aux côtés de ces exploits accomplis par le ministre du numérique au travers le ministre Eberande, plusieurs autres points négatifs ont marqué cette première année. C’est ce que pensent quelques autres acteurs interrogés par votre rédaction. Selon Dondup Bobanga, informaticien, il y a eu un écart entre ce qui a été dit par le ministre Eberande et ce qui a été fait. Quand à lui, Me Medel Diawa a indiqué un relâchement senti à un certain moment dans les actions du ministre Cashmir Eberande comparé à ses débuts.

« Je m’attendais à ce que le ministère du numérique se penche plus sur des choses prioritaires comme la lutte contre la fracture du numérique : 17,6% de la population ont accès à l’internet, beaucoup d’étudiants en informatique n’ont pas d’ordinateur car ces appareils coûtent cher, la qualité de la connexion internet est déplorable et nous empêche d’utiliser pleinement  le numérique. Nous n’avons pas senti le rapprochement avec les jeunes entrepreneurs qui innovent ou offrent de services numériques et qui ont besoin de soutien », soulève Kevin Mukendi, qui, par ailleurs, invite le ministère à faire de plus en plus appel à la main d’œuvre locale car, dit-il, il y a beaucoup de congolais qui ont une tête bien faite mais qui, hélas sont dans l’ombre.

Pour Gad Nsimba, expert en cybersecurité et fondateur de Rooksecurityagency,  plusieurs projets initiés par le ministère du numérique manquent d’innovation. « On devait normalement trouver des solutions innovantes à travers ce ministère qui résout le problème lié à plusieurs situations notamment la corruption, les fraudes fiscales et le chômage car le numérique se veut être un accélérateur dans la création d’emplois », soutient-il.

De son côté, Patrick Kabamba, directeur associé de Webox corporation et digital marketer,  reconnaissant également les efforts dudit ministère, pense qu’au delà des actions et de la volonté politique, la Rd-Congo est loin d’avoir adopté une bonne culture digitale. Selon lui, bien des programmes et des projets sont élaborés mais qui manquent des suivis et qui n’aboutissent pas.

« Notre bilan pour la première année de ce ministère est plutôt mitigé, car toutes les actions effectuées n’ont pas eu un impact considérable au niveau de la société, et le ministère demeure encore presque ignoré et moins connu du public. En terme d’infrastructures, qui sont un impératif pour le développement de ce secteur, nous avançons en pas de tortue, alors que le monde des NTIC est à une vitesse exponentielle Aujourd’hui. La régularisation du coût du data en hausse, la connexion, l’accessibilité, beaucoup des points qui demandent encore beaucoup de volonté et d’améliorations », explique-t-il.

L’expert propose donc quelques axes importants dans le programme de développement du numérique en Rd-Congo notamment la favorisation de l’éducation numérique en l’inscrivant dans les programmes scolaires à travers des ateliers, des conférences, des formations dès le niveau scolaire pour l’apprentissage des nouveaux métiers et briser le mythe du numérique dès le bas âge, faire le suivi et le monitoring de tous les plans et programmes phares du ministère en créant un portail accessible à toute la population rd-congolaise.

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GLODY NDAYA