Restitution des biens culturels rd-congolais par la Belgique : Jean-Jacques Tankwey et M Kadima appellent Kinshasa à plus de promptitude

Le processus de restitution des biens culturels rd-congolais par la Belgique est une étape cruciale dans la réappropriation spirituelle, culturelle et de la mémoire de la RDC. Depuis, la mise en place d’une commission mixte constituée des experts de la RDC et de la Belgique pour accélérer les choses se fait toujours attendre. Les artistes rd-congolais Jean-Jacques Tankwey Mulut alias Tankila et M Kadima appellent Kinshasa à plus de promptitude et de dynamisme.

Le monde célébrait le vendredi 5 mai 2023 la journée du patrimoine mondial africain. Une aubaine pour les peuples du monde et en particulier les africains de vanter les mérites d’un patrimoine de la mémoire à la puissance mystique immuable, celui doté d’une richesse spirituelle et d’un grand enseignement historique. En RDC, cette journée a fait l’objet d’interpellation pour la restitution des biens culturels congolais par la Belgique.

Alors que les autorités rd-congolaises ont fait de la question leur cheval de bataille, une sorte de lourdeur s’est installée dans la mise en place d’une commission mixte constituée des experts de la RDC et de la Belgique même si le retour de ces objets est probablement attendu en 2024.

Artiste designer et manager, Jean-Jacques Tankwey Mulut alias Tankila appelle les autorités rd-congolaises à plus d’implication.

« Il y a eu quand même quelques avancées mais je pense qu’il y avait une lancée significative avec la venue du roi belge. Mais je pense que le Congo était plus préparé dans l’organisation de cette question, quelques structures et artistes aussi impliqués. Mais il est encore en zone isolé. Cela revient à notre pays de pouvoir prendre cette situation à cœur et d’impliquer tous les acteurs pour que cette situation soit active pour que les retombées soient significatives en terme de rapatriement », a-t-il souligné.

Le créateur de « Nkisi Nkondi » qui voit un avenir positif des biens culturels rd-congolais, appelle à plus de préparation dans le processus de restitution. « Ce patrimoine demeure, il est vital, ça raconte l’histoire, la force, la civilisation […] Si on veut avoir des œuvres de notre patrimoine, il faut arriver à se préparer. Et se préparer ce n’est pas demain, c’est maintenant. »

« Le problème de conservation ne se pose pas »

Dans le processus de restitution des biens culturels congolais par la Belgique, d’aucuns semblent sceptiques notamment dans leur conservation une fois rapatriés. Beaucoup relèvent à juste titre la problématique des espaces museaux idoines pouvant accueillir ces biens.

Artiste musicien, peintre et dessinateur, M Kadima estime par ailleurs que le problème de conservation ne se pose pas. « Ils ne connaissent pas l’importance spirituelle, mystique, de ce patrimoine pour un peuple. Aujourd’hui nous avons des grands musées notamment le musée national de la RDC, il est dans les normes. Ce sont des excuses à dormir debout. L’homme blanc veut garder ce patrimoine parce qu’il connait l’importance mystique et spirituelle. L’africain, le congolais qui dit que ce n’est pas le moment c’est un inconscient. C’est le moment, et nous avons les moyens de les conserver », estime-t-il.

M Kadima appelle dans la foulée l’État rd-congolais à mettre plus de moyens notamment de communication pour un bel avenir de ces biens culturels. « L’avenir des biens culturels congolais au stade actuel c’est dangereux parce que l’État qui est censé mettre des gros moyens pas seulement financiers, mais des moyens de communication, de valorisation de ce patrimoine, on ne le sent pas trop sur ce sujet. »

Une interpellation qui va sans doute réveiller les autorités à mettre les bouchées doubles dans ce processus de restitution des biens culturels rd-congolais par la Belgique vivement attendu par le peuple.

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CHADRACK MPERENG