SIMA 2022 : L’avenir économique des industries musicales d’Afrique francophone se discutera en novembre à Abidjan

Du 17 au 18 novembre 2022, la ville d’Abidjan en Côte d’Ivoire sera la capitale des industries musicales d’Afrique francophone à travers la première édition du Salon des Industries musicales d’Afrique francophone – SIMA 2022-. Au cours de cet événement, plusieurs panels et masterclass seront organisés afin de trouver les pistes de solutions pour permettre aux artistes africains de vivre réellement de leur métier.

De passage dans la capitale rd-congolaise, Kinshasa, Mamby Dimondé et Pit Baccardi, respectivement fondateur et co-fondateur du SIMA, se sont confiés à Eventsrdc.com. « Le SIMA est une plateforme purement business. Ce n’est pas une plateforme des festivités encore moins de divertissements. C’est une plateforme des acteurs de notre industrie musicale », disent-ils. Entretien.

Mamby Diomandé et Pit Baccardi. Ph. Jérémih Youssouf 

Salut Mamby et Pit, vous êtes respectivement fondateur et co-fondateur du Salon des Industries musicales d’Afrique francophone. Qu’est-ce que le SIMA ?

Mamby Diomandé : Le SIMA est une plateforme qui vise la valorisation des industries musicales africaines en général et des industries musicales d’Afrique francophone en particulier. Cet événement aura un programme assez danse et assez riche dont des panels, des masterclass et une table ronde. Nous aurons des grands noms de la musique et des labels indépendants, ainsi que les producteurs de spectacles.

Pit Baccardi : Nous aurons la primeur d’avoir les grands noms du business de la musique. C’est aussi l’initiative de ce salon : Créer un pont entre l’Afrique et l’extérieur en l’occurrence l’Europe, les États-Unis d’Amérique… Pour cette édition, nous aurons les responsables d’Universal Music France, Because Music, Capitol, Sacem et plusieurs personnes influentes de notre écosystème ainsi que des personnes qui veulent connaitre ce qui se passe sur le terrain et de rencontrer aussi le quotidien du territoire africain.

Mamby, puisque vous en êtes fondateur, pouvons-nous en savoir plus sur les motivations derrière sa création ?

Mamby : Mon parcours est assez atypique. J’ai connu les deux faces de la pièce. J’étais indépendant en étant directeur de Team Event. J’ai organisé plusieurs concerts en Côte d’Ivoire en faisant venir Niska, Naza, MHD, Kalash, Koffi Olomidé,…Depuis deux ans et demi, je suis directeur du live et du brands chez Universal Music Africa.

À travers ce parcours et à travers notre présence dans l’environnement musical, nous avons remarqué qu’il y a un manque de plateformes purement business dédiées aux industries musicales dans le but de valoriser et de permettre d’avoir des leviers de structuralisation des industries musicales en Afrique francophone. C’est l’une des raisons que nous avons mis en place cette plateforme pour les acteurs de la musique, les artistes et toutes les personnes qui sont intéressées par la musique afin de poser leur pierre à la construction de l’édifice.

Pit, quels sont les objectifs que vous visez à travers le SIMA ?

Pit : Le premier objectif est de permettre une libre-circulation que ce soit des producteurs étrangers ou des producteurs locaux dans la communication et des opportunités du business. Le deuxième, c’est de faire connaitre notre métier, notre écosystème. Donc, l’apprentissage. Beaucoup de gens ne connaissent pas ce métier. Ils ne connaissent les différentes particularités entre le live, le brand, le record…savoir que tout ça est complémentaire et crée une économie.

Mamby : Nous sommes partis d’un constat qu’aujourd’hui, seulement 40% de la population en Afrique utilisent internet. Donc, l’Afrique malgré ses 17% qu’elle représente en terme de population mondiale, a un taux de pénétration faible qui empêche l’évolution véritable de tout ce qui est digitalisation particulièrement dans la musique.

L’un des revenus de la musique c’est le streaming. Donc, c’est l’une des raisons que le thème de cette première édition du SIMA est « À l’ère de la digitalisation, quels sont les enjeux pour l’industrie musicale africaine ? ».

Nous sommes conscients que plusieurs événements similaires étaient (ou sont) organisés. Quelle est la particularité du SIMA ?

Mamby : Nous sommes des experts. Le SIMA est une plateforme purement business. Ce n’est pas une plateforme de festivités encore moins de divertissements. C’est une plateforme des acteurs de notre industrie musicale. Donc, il y aura le renforcement des capacités à travers les masterclass ainsi que le partage d’expériences à travers des panels. Mais surtout de pouvoir apporter des solutions aux problématiques liées à notre musique africaine.

Le Salon des Industries musicales d’Afrique francophone est-il un événement annuel ou biennal ?

Pit : Nous on voudra pérenniser l’histoire, c’est-à-dire le faire chaque année. C’est pourquoi à la fin de la première édition, nous allons définir un programme que nous allons suivre durant toute l’année jusqu’à la prochaine édition.

Pour la première édition, le SIMA sera organisé en Côte d’Ivoire. Comment justifiez-vous le choix de ce pays ?

Mamby : C’est un secret de Polichinelle, je suis ivoirien (Petit sourire). Je vis en Côte d’Ivoire. Pit est camerounais, il vit en Côte d’Ivoire. C’est de façon très naturel que nous avons choisi ce pays. En plus de ça, la Côte d’Ivoire est aujourd’hui la plaque tournante des industries culturelles et créatives en Afrique francophone. Et, il y a une volonté politique. Il y a par exemple le premier ministre ivoirien. Nous plaçons notre salon sous le haut patronage du ministère de la culture et de la Francophonie. Une autre raison, la Côte d’Ivoire est un pilier central de la Francophonie.

Pouvons-nous nous attendre à la prochaine édition du SIMA au Cameroun ou en RDC ?

Pit : Bien sûr. Étant donné que c’est notre environnement premier, on le fait à Abidjan. Bien évidemment, le but est de pouvoir se déplacer et avoir d’autres capitales comme Kinshasa. Nous savons que c’est une ville qui a une grande démographie. Il y a une grande concentration de ce qui se fait aujourd’hui en Afrique comme musiciens, producteurs et d’autres gens de notre environnement. Se déplacer pour une autre ville fait partie des projections.

Etienne Kambala, Mamby Diomandé et Pit Baccardi. Ph. Jeremih Youssouf

« À l’ère de la digitalisation, quels sont les enjeux pour l’industrie musicale africaine ? », tel est le thème de la première édition du SIMA. Une question pertinente. Ne pensez-vous pas que deux jours sont peu pour un thème aussi si passionnant ?

Mamby : Pas nécessairement parce qu’on ponctue notre action par le SIMA. Cet événement est le début d’une série d’actions qui seront menées pour l’intérêt des industries musicales d’Afrique francophone. Une fois que nous allons finir, nous n’allons pas nous arrêter. Nous avons un cahier des charges qui va être défini. Avec le soutien du premier ministre et du ministre de la culture et de la Francophonie, l’idée est de tenir un salon puis tirer des conclusions et avoir un livre blanc scientifique avec des solutions qu’il faut apporter d’une édition à une autre.

Évoquer la digitalisation dans le secteur musical africain, c’est aussi associer les politiques. Aviez-vous pensé aux ministres du numérique de différents pays africains ?

Pit : Nous sollicitons toutes les personnes que nous pensons êtres importantes dans notre dispositif. À date, nous avons parlé du premier ministre et du ministre de la culture parce que ce sont des ministères qui nous ont répondus de manière favorable.

Mamby : Nous sommes dans une démarche où nous devons rassembler. Nous parlons des industries musicales d’Afrique francophone. Nous ne parlons pas seulement de la Côte d’Ivoire. C’est d’ailleurs l’une des raisons de notre présence à Kinshasa. Nous avons parcouru Dakar, Libreville, aujourd’hui nous sommes à Kin. Partout où on passe, nous faisons l’effort de maximiser des personnes que ce soit politiques ou privées. Nous sollicitons les politiques et les entrepreneurs.

Le SIMA ne touche pas seulement la culture et le numérique, il y a aussi du tourisme. C’est ces ministères là que nous continuons de solliciter et de les mettre autour d’une même table dans le but de permettre aux industries musicales d’Afrique francophone d’aller de l’avant.

La digitalisation a ouvert une grande porte au piratage, les artistes africains ont du mal à vivre réellement de leurs œuvres. Les droits d’auteur sont évoqués au quotidien, mais il n’y a pas de vraies mesures pour arrêter les pirates. Au cours du SIMA 2022, les structures des droits d’auteur africaines seront-elles aussi présentes pour en parler ?

Mamby : Ouais ! Il y a la Sacem, les Burida, nous sollicitons aussi les bureaux des droits d’auteurs d’autres pays qu’ils soient tous là. Cette affaire du piratage on la voit même au Nigéria, qui est l’épicentre de la musique en Afrique. Les revenus sur les streams représentent 0,3% du chiffre d’affaires généré par la musique parce qu’il y a un fort taux du piratage.

Les nigérians aujourd’hui vivent de ce qui est RBT. C’est parce que le RBT est utilisé par les compagnies de téléphonie mobile. Elles garantissent un minimum de sécurité et de lutte contre le piratage. Ceci n’est pas une affaire seulement du bureau du droit d’auteur mais c’est une affaire citoyenne, c’est une éducation, c’est une sensibilisation que nous devons faire.

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Kaaris, Vegedream, Dinos… , sont dans le lot des artistes invités. Mais ils n’évoluent pas en Afrique, ils ne savent pas réellement ce que les artistes africains vivent au quotidien. Ils sont rajoutés sur la liste des hôtes pour la communication ou ils participeront aux échanges ?

Pit : Si. Il y a des artistes qui sont signés chez Universal Music Africa en l’occurrence Suspect 95, qui est un pur produit africain et qui marche bien. Les autres artistes ne vivent pas en Afrique mais sont d’origine africaine. Ces sont les artistes qui ont un regard et une sensibilité sur ce qui se passe aussi sur nos territoires. Il est bien que les artistes étrangers fassent part de leur expérience afin que les artistes locaux comprennent comment les choses se passent là-bas. L’environnement est un état d’esprit. Tout à l’heure, Mamby parlait d’éducation. C’est pour tout ça qu’on va faire venir ces gens qu’on considère crédibles et avec une expérience.

Quelles sont les conditions pour prendre part au SIMA 2022 (artistes musiciens, culturels, journalistes, historiens de la musique, labels indépendants …) ?

Mamby : Les conditions sont très simples. Il faut se rendre sur le site du SIMA. Il y a un lien d’inscription. Vous trouverez un formulaire pour remplir le nom, prénom,…puis vous recevrez un mail d’inscription plus le programme de l’événement.

C’est par là que nous bouclons notre échange qui était essentiellement tablé sur le SIMA 2022. Un mot de la fin

Mamby et Pit : Merci d’avoir pris le temps de nous recevoir à Kinshasa. Ça démontre l’hospitalité africaine. On espère se revoir au SIMA 2022.

(Ré) écoutez en podcast le récent passage de Mamby Diomandé et Pit Baccardi sur Eventsrdc FM :

ETIENNE KAMBALA