Yala Tutu : « Je n’ai aucun intérêt à poursuivre les autres en justice »

Après plusieurs remous autour de l’affaire de l’imitation de la signature du député national Yala Tutu à l’Assemblée Nationale, l’heure est maintenant à la précision des faits. Cet Élu de la Démocratie Chrétienne -DC s’est, personnellement, livré à cet exercice, au cours d’un entretien exclusif à Eventsrdc.com -Leader des interviews et des événements. A en croire le député national Yala Tutu, c’est le bureau de la Chambre basse du Parlement qui a saisi le Parquet Général de la République. Il précise qu’il n’attend rien de l’instruction en cours. D’après lui, la population rd-congolaise est victime des égoïsmes politiciens qui font de leurs problèmes personnellement des questions d’Etat. Selon Yala Tutu, la motion contre le bureau de l’Assemblée Nationale ne visait que le remplacement du 2ème Vice-Président Nkombo Kisi par Samy Badibanga.

Le Président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku s’accroche de plus en plus sur l’affaire de l’imitation de votre signature. Comment expliquez-vous cela ?

Je pense que le terme correct ne devrait pas consister à dire que le Président de l’Assemblée Nationale s’accroche. Il ne s’accroche pas. C’est une affaire qui suit son cours normal. Le Président de l’Assemblée nationale n’était pas au cours de cette affaire. Moi, j’étais au courant lorsque des gens m’ont appelé pour me tenir informé qu’il y avait mon nom et une signature m’était attribuée dans une motion de défiance contre le bureau qui circulait. A la plénière qui devait examiner de cette motion, j’ai dû prendre la parole de bon droit pour contester cette signature qui m’était attribuée. Et, j’ai invoqué des dispositions légales tirées précisément du code civile, livre III dans sa partie traitant des actes sous un privé pour énoncer la procédure prévue en la matière. Donc, ce n’est pas le Président de l’Assemblée Nationale qui s’accroche mais c’est une procédure normale.

Dans ce pays, nous devons apprendre à examiner les faits avec froideur. L’excès de fanatisme et le manque de réflexion critique qui détruisent notre pays parce que ces gens qui se présentent comme victimes, avaient voulu jouer leur carte strictement personnelle qui n’avait rien avoir avec les problèmes de la nation. Au départ, la démarche des Honorables Samy Badibanga et Fabien Mutomb consistait à ce que le bureau de l’Assemblée nationale et la Majorité Présidentielle –MP puissent soutenir une déchéance du 2èmevice-Président, Nkombo afin qu’il soit remplacé par l’Honorable Samy Badibanga qui est venu me voir personnellement à deux reprises et Fabien Mutomb aussi est venu me voir personnellement dans ce sens-là, j’ai manifesté mon désaccord. Et comme ils pensaient que je devais partir pour l’étranger, ils ont procédé à cela. Le plus important autour de tout ce qui se dise ou de tout ce qui peut se dire ce que les gens aient de la froideur pour examiner les faits.

Avec mon expérience d’avocat et de député national actuellement, j’ai compris que beaucoup de politiciens que ça soit de la majorité tout comme de l’opposition aiment élever des problèmes strictement personnels au rang national. Lorsque vous n’avez pas été satisfait dans une démarche strictement personnelle, vous voulez en faire un problème d’État. Au final, c’est notre population qui demeure victime. Donc, ce n’est pas un problème du Président de l’Assemblée nationale.

En ce moment où tout le monde appelle l’opposition à l’unité. Quand vous réclamez que justice soit faite par rapport à cette affaire, ne voyez-vous pas que cela risque de fragiliser cette unité au sein de l’opposition ?

Je vous réponds facilement sous deux volets. Le premier volet est que je n’ai pas entrepris une quelconque action judiciaire. Il n’y a pas une plainte de l’Honorable Yala Tutu auprès du Procureur Général de la République. Ce qui est que le bureau de l’Assemblée nationale a transmis la question au Procureur Général de la République. Donc, la première précision est que la saisine du Procureur Général de la République, n’est pas l’œuvre de l’Honorable Yala. Quant à la deuxième approche de la question, je ne suis pas d’accord. L’unité d’actions de l’opposition ne signifie pas couvrir les magouilles. L’Honorable Samy Badibanga a entrepris mille et une démarches pour remplacer un autre membre de l’opposition en l’occurrence l’Honorable Nkombo Kisi, n’a-t-il pas pensé à l’unité au sein de l’opposition ? L’unité de l’opposition, nous devons l’obtenir par la droiture.

En 1996 lorsque l’AFDL venait, il y avait une forme d’unité au sein de l’opposition pour soutenir l’AFDL et faire tomber le Président Mobutu. Quand Laurent-Désiré Kabila prêtait serment au stade des martyres, je dirigeais le groupe d’étudiants qui contestait la dérive dictatoriale que prenait le pouvoir kabiliste. Au final, cette unité que nous avions dans l’opposition pour que Mobutu parte et qu’il soit remplacé l’AFDL vienne, nous avons vu ce que cela nous coûtait et ce que cela nous coûte jusqu’aujourd’hui. Qu’avons-nous vu ? Nous avons que le pays était envahi par des troupes rwandaises. Dans ce pays, nous avons eu James Kabarebe comme Chef d’État Général.

Donc, l’unité d’actions de l’opposition ne devrait pas signifier couverture des magouilles. Si ça serait une unité obtenue sur fausses bases. Ce n’est pas correct. Comme Avocat, je veux schématiser en disant réconciliation oui mais ça passe par la justice.

Mais est-ce que cette affaire ne pouvait régler de votre Règlement d’Ordre Intérieur ? Ou d’aller seulement au Parquet ?

C’est une bonne question. Mais le Règlement d’Ordre Intérieur ne règle pas les affaires à caractère pénal. Dans le même ordre d’idées, je peux vous renvoyer à mon intervention lors de la plénière qui a examinée la motion que j’avais soulevée. J’ai pris deux options. La première était que si ma signature n’était plus utilisée, mon nom n’était plus utilisé dans la motion, je renoncerais à toute autre procédure. Si cela ne dépendaient que Yala Tutu, je n’ai aucun intérêt à poursuivre les autres en justice bien que je dénonce leur manière de faire.

Par contre, je vous renvoie à l’intervention qui a immédiatement suivie la mienne parce que beaucoup de gens parlent sans avoir suivis cette plénière. Je suis en train de lire sur des réseaux sociaux l’Honorable Samy Badibanga se réfère aussi à l’intervention qui m’a suivi en occurrence celle de l’Honorable Jean-Claude Vuemba. A dire vrai, l’idée de saisir la justice émane de l’Honorable Jean-Claude Vuemba parce que l’Honorable Jean-Claude Vuemba avait pris la parole immédiatement après moi, il a demandé qu’on puisse recourir à l’expertise des graphologues. Il l’a dit sans peut-être compte et l’Honorable Samy Badibanga l’ignore.

Pour recourir aux graphologues lorsqu’une signature est contestée, ça ne peut que se faire dans le cadre d’une instruction judiciaire. Donc, l’idée de saisir la justice est venu de l’Honorable Jean-Claude Vuemba parce qu’il a demandé qu’on recourt aux experts en écriture mais c’est seulement le Procureur de la République en l’occurrence l’Officier du Ministère Public qui peut les saisir pour obtenir leur expertise afin d’authentifier les signatures. On doit être conséquent surtout lorsque les hommes d’État s’expriment. Je lis sur les réseaux sociaux que l’Honorable Samy Badibanga se référait au recours aux graphologues. Mais ça ne peut se faire que dans le cadre d’une instruction judiciaire et non pas en dehors.

D’aucuns vous accusent de jouer le jeu de la majorité par rapport à cette affaire. Que répondez-vous ?

Je suis un intellectuel connu comme tel dans ce pays au départ au barreau. Celui qui dit que l’Honorable Yala joue le jeu de la majorité, c’est une assertion dénouée de tout fondement. Jouer le jeu de la majorité, signifie quoi ? Jouer le jeu de l’opposition, signifie quoi ? Le jouer le jeu de la majorité consisterait à dénoncer les méfaits que pourraient commettre un membre de l’opposition. Le jouer le jeu de l’opposition consisterait à couvrir les méfaits que pourraient commettre un membre de l’opposition. Alors là, ce jeu est sale.

D’après certaines sources, votre collègue Samy Badibanga qui séjourne présentement en Belgique, ne retournera plus au pays jusqu’à fin du mandat du Président Kabila. Êtes-vous au courant de cette information ?

Moi, je ne gère pas l’agenda de l’Honorable Samy Badibanga. Lui, seul connaît comment il gère son agenda, comment il programme ses aller-retour. Je n’ai aucun commentaire sur ses mouvements.

Par rapport à cette affaire. Avez-vous déjà été entendu par le Parquet Général de la République ?

J’ai été auditionné au Parquet Général de la République. Je crois l’avoir dit il y a près deux mois à la presse. J’ai été auditionné comme renseignant dans cette affaire contrairement à ce que affirme l’Honorable Samy Badibanga avec beaucoup d’amalgames voulant faire dire, voulant faire passer, dans son compte Facebook, que pour m’additionner le Procureur Général de la République avait besoin de l’autorisation. C’est de l’hérésie.

C’est comme m’a enseigné un philosophe qu’il fallait éviter de faire étaler de l’ignorance pour la connaissance. Le Procureur Général de la République est soumis tant par la Constitution que par le Règlement d’Ordre Intérieur à requérir une autorisation préalable ou la levée de l’immunité lorsqu’il s’agit des poursuites engagées contre un député. Mais lorsqu’un député est entendu comme renseignant, il n’y a pas d’autorisation pour cela. Encore une fois, on fonde trop de bruits sur base des hérésies.

Ils peuvent écoper de quelle peine par rapport à cette affaire étant Avocat ?

Je ne suis pas leur Avocat. Je ne joue pas aussi le rôle du Ministre Public. Je vous renvoie aux dispositions du code pénal qui traitent les faits relatifs aux infractions de faux en écriture. Je vous demanderais de les voir sous leurs deux aspects : il s’agirait de faux en écriture classique et de faux en écriture commis par un agent de l’État dans l’exercice de ses fonctions parce que si jamais cette affaire devait aboutir à une instruction juridictionnelle, les juges apprécieront les faits pour lui donner une qualification correcte. Au regard de cette qualification, il y a la peine telle que prévue dans le code pénal.

Jusqu’à présent, tout un chacun jouit de sa présomption d’innocence. Mais j’ai toujours œuvré pour la culture de la justice, ce qui m’a amené à faire la profession d’Avocat. Au départ, j’avais fait des brillantes études techniques dans ce pays. J’ai été premier de la République. Tout le monde s’attendait à ce que je m’oriente vers des études polytechniques. C’est par amour de la justice que j’ai fait des études de Droit. N’attendez pas de moi de cautionner des magouilles de la part de ceux qui se disent opposants.

Beaucoup de gens dans ce pays, nous avons appris à les comprendre et les connaître, ils se disent opposants pour le besoin des propagandes médiatiques. Mais dans leurs faits et gestes, ils ne se comportent pas en opposants. Dans tout cela, c’est le peuple qui est victime.

Comment se porte votre Président du parti, Eugène Diomi Ndongala après des faux bruits qui l’accusaient de viol par défaut?

Son état d’esprit tant physique que mental est celui qui peut attribuer à un détenu dans les conditions de nos prisons. Quant aux faux bruits relatifs à une affaire de viol, le Ministre de la Justice, Ntambwe Mwamba s’est exprimé là-dessus. Les expressions utilisées par le Ministre Ntambwe Mwamba sont claires et sont d’autorité plus que toute autre déclaration qui émanerait d’une autre personne.

Qu’est-ce que vous attendez personnellement à l’instruction judiciaire en cours au Parquet Général de la République ?

Moi, Tutu Yala actuellement, je n’attends rien de l’instruction judiciaire en cours au Parquet Général de la République. Je ne gagnerais rien là-dessus et encore que je ne perdrais rien non plus. Pour moi, le plus important était que mon nom ne soit pas utilisé dans la procédure. Cette procédure pouvait continuer sans moi. Et s’ils veulent tenir à cette procédure, je suis en train de lire sur les réseaux sociaux qu’ils avaient récolté plus de 50 signatures voire 64 si je ne trompe pas, ils n’ont qu’à reprendre sans mon nom. Tout ce que je voulais que mon nom soit enlevé. Je n’attends rien de ce qui suit. Si je vous ai reçu, c’est par devoir de vérité afin de replacer les choses dans leur contexte.

DEO KOKOLO

CINARDO KIVUILA