L’essentiel dans une œuvre. Lire “Abstraire”, autobiographie picturale de l’artiste Henri Kalama Akulez, Directeur général de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, c’est plonger dans la profondeur d’une démarche pragmatique d’un abstracteur propre à son style, à l’art thérapeutique et dont le travail sacré baigne dans le cosmos et la méditation. L’ouvrage de 224 pages publié aux Éditions Weyrich a été porté sur les fonts baptismaux le samedi 24 mai 2025 dans la salle du musée de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa.
Une couverture du livre symbolique au cœur d’une fabuleuse contemplation de l’univers et du pouvoir infini du Maître absolu. Elle reprend le tableau des gisements de la série “Vibrations cosmiques”. Ceci est la nature intrinsèque de l’ouvrage. Aux côtés d’une peinture de sentiment, se trouve un travail d’espace, celui au moyen duquel l’absence s’obtient par la présence des matières.

“Abstraire” met en évidence le talent et le parcours de celui qui s’est toujours considéré comme un artiste d’origine africaine qui transgresse les limites de l’inspiration, évolue dans la transversalité et pense l’idéal; celui qui s’est aussi défait très tôt du conformisme. Entre démocratisation de l’espace et pratique picturale, “Abstraire” suiscite un grand intérêt et convainc par sa précision et son élégance.
« Je n’ai pas choisi l’abstraction, c’est elle qui m’a choisi », a précisé Henri Kalama Akulez
De riches contributions
Entre esthétique et éthique, Henri Kalama Akulez publie un ouvrage dont les fragments d’expériences que nous vivons y constituent un instrument fondamental. Ce livre connait les contributions riches d’auteurs et critiques d’art de renom tels que Simon Njami, Martin Fortuné Mukendji, Hans M. De Wolf, Aimé Mpane, Lambert Kabatantshi et Chantal Tombu.
Évoquant le statut d’artiste abstracteur d’Henri Kalama Akulez, Simon Njami a exprimé toute son admiration à l’auteur qui a toujours été en désaccord avec la production “d’art africain”. « Il a raison », écrit-il. Dans son explication du mot “Abstraire” dont parle l’auteur, Simon Njami souligne : « En philosophie, l’abstraction désigne à la fois une opération qui consiste à isoler par la pensée une ou plusieurs qualités d’un objet concret pour en former une représentation intellectuelle, dont les contours ne correspondent plus à une matérialité précise, mais à une représentation de cette matérialité. »

Pour sa part, Martin Fortuné Mukendji n’a pas tari d’éloges à l’assiduité et à l’esprit aiguisé d’un jeune homme âgé de plus ou moins vingt ans qui venait de Lubumbashi, qu’il a connu dans son cours de Philosophie et Éthique à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Nous sommes alors en 1995.
Il a retracé son identité, sa liberté et son œuvre qu’il qualifie en ces mots : « Elle se veut une ouverture, un pas vers l’adéquation entre la pensée et la réalité. »
« L’œuvre d’Henri Kalama Akulez a une vocation d’évoquer une sorte de sublime en peinture dont la résonance lui est offerte non seulement par l’Afrique, son continent natal, mais aussi par l’Asie où il a reçu une haute formation artistique à la très prestigieuse China Art Academy – CAA – de Hangzhou », écrit pour sa part Hans M. De Wolf.
Au-delà de ces contributions, il faut noter le valeureux travail d’archivage qui aura été d’une importance capitale. Une belle aventure qui va sans doute se poursuivre.

Véritable source de documentation
Adepte invétéré d’une académie sans académisme, c’est-à-dire une création continue sans rester figé, l’auteur de “Abstraire”, le Professeur Henri Kalama Akulez, Directeur général de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa encourage les étudiants de son institution à la lecture de son nouvel ouvrage.
“Abstraire”, véritable source de documentation qui vient étayer l’une des missions de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, c’est-à-dire la recherche, donnera sans doute aux étudiants des réponses notamment autour de la canalisation de leurs carrières d’artistes.
CHADRACK MPERENG