Arts visuels : Henry Kibeti et l’art du papier journal froissé

Jeune artiste visuel rd-congolais, Henry Kibeti fait déjà parler son savoir-faire. Pour éclore son talent et gagner en expérience, cet artiste basé à Kinshasa a bénéficié d’une résidence de deux mois au sein de la structure Kin Art Studio durant la période de confinement dû au Covid-19.

Passionné de la sculpture et de la peinture, Henry Kibeti a son identité. Il utilise le papier journal qu’il froisse et c’est cela sa technique pour réaliser ses oeuvres en se basant sur l’influence de la communication qui sévit dans sa société habituelle.

À la question de savoir qu’est-ce qu’il comprend du terme « Résilience », il répond comme suit : « C’est repartir sur des nouvelles bases. C’est-à-dire avoir l’envie de changer quelque chose ou embrasser une autre expérience ».

Il travaille plus sur le papier journal froissé. C’est ce qu’il utilise comme technique pour s’exprimer dans l’art.

« À travers mon oeuvre, je relève l’influence de ce qui se passe dans l’information et dans toute sorte de communication. Cette influence qui est à l’origine d’une transformation et d’une formation de l’être humain », a indiqué l’artiste.

Quant au temps qu’il met en jeu pour réaliser une oeuvre avec le papier journal, Kibeti a avoué qu’il ne calcule vraiment pas. Car, selon ses dires, tout dépend de la fluidité dans l’inspiration, dans la composition de l’image et des éléments à mettre en scène. « L’idée peut dater de longtemps, mais la réalisation peut venir plus tard », a-t-il souligné.

Il s’inspire de son quotidien par le canal de l’information et de l’influence de mass-média, en général.

Durant les deux mois bloqués et passés au Kin ArtStudio, il a réussi à réaliser trois oeuvres dont l’une fait partie de la série tête d’affiche qu’il a commencé depuis longtemps et deux autres qu’il intitule séparément « Muana Popi » et « Zuanga bien ».

Henry Kibeti a reconnu que cette résidence l’a permis de renforcer son bagage artistique et de côtoyer beaucoup d’artistes. « Personnellement, j’ai eu aussi à travailler selon un timing bien donné. Arriver à réaliser une oeuvre, dans mon expérience ce n’était pas trop habituel. J’ai eu à échanger aussi avec des amis et d’autres artistes au cours de cette résidence », a témoigné ce pur produit de l’Académie des beaux-arts à Kinshasa.

Biographie

Né en 1989 à Kinshasa, Henry vit et travaille dans cette ville où il a fait presque toutes ses études. Il a obtenu son diplôme d’Etat en Arts Plastiques, option Peinture, au Collège Esphora en 2010. Il rejoint ensuite l’Académie des Beaux-Arts en 2010 pour poursuivre ses études en Arts Plastiques, option Sculpture qu’il arrêtera en troisième année, puis se consacrer à la recherche d’une identité artistique propre, dans les locaux du collectif Zayi dont il fait partie. Déjà en 2007, il faisait partie du collectif « Innovation », où il a pu côtoyer les peintres Achile Katemo, Patsheli Kahambo et Olivier Akunzi. Un collectif qui lui a permis d’apprendre la peinture sur toile. Il subira un choc conceptuel en visitant un « atelier » organisé sur les pratiques de l’art contemporain, à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, où il a respiré une vague de questionnements et un désir de s’exprimer selon lui.

L’artiste est un graveur d’icônes et d’écrits, à travers des réalisations artistiques recherchées extraordinaires. Cette gravure, techniquement et philosophiquement, traite des grandes caractéristiques de la culture urbaine, des pratiques et des légendes qui régissent la vie en ville ; des idées préconçues, des stéréotypes et des clichés. Les graffitis et les techniques utilisées dans l’imprimerie s’y retrouvent métaphoriquement et sont exploitées.

L’enracinement de l’environnement urbain se transforme, selon Henry, sous l’influence des flux d’informations et des postures psychologiques de ses occupants. Cette information naît de phénomènes et de faits sociaux alors, sont gravés ; mémorisés pour conditionner les citadins.

La ville, sphère tournante en fonction des contraintes sociopolitiques, idéologiques et religieuses du temps et de l’espace contemporain, est mise en jeu par un puzzle graphique dont les énoncés, difficiles à lire, s’inscrivent dans des tableaux, manipulent la psychologie par cet exercice de reconstitution et de décodage de ce qui est mis devant vous. Son travail est une simple déclaration et prend sa source à travers une question qui lui a été posée, dont il ne savait rien jusqu’à présent.

Celle de la signification de son nom « Henry Lushiku Kibeti ». Une obligation de savoir instituée par sa société, selon laquelle les entrailles de tous les noms sont pleines de pouvoirs et affecteraient sa vie. Cela fait pratiquement 5 ans qu’il mène une carrière professionnelle.

CINARDO KIVUILA