Arts visuels : Quand Nathanaël Maza raconte les souffrances des rd-congolais dans ses œuvres

Il n’a pas voulu rester insensible face aux péripéties de la société rd-congolaise notamment la guerre interminable dans l’Est de ce pays continent. Nathanaël Maza est ce jeune artiste visuel rd-congolais qui questionne et interpelle le monde à travers ses œuvres en évoquant l’incertitude de sa société.

Travaillant au sein de la structure Kin ArtStudio depuis deux ans, il a encore du talent à revendre. Seulement, diplômé d’Etat en sculpture, mais peintre de profession, ce jeune de la vingtaine captive l’opinion rien qu’avec ses crayons de couleurs. Il nous a expliqué sa mutation et sa polyvalence par le fait qu’il a l’art dans son sang. « L’art est quelque chose d’inée pour certains et de formation pour d’autres. Mais, moi je dis que c’est quelque chose qui est toujours innée pour les gens qui le découvrent plus tard« , a avancé Nathan Maza.

Pour lui, la résilience est le fait de transcender ou de surmonter les difficultés au cours d’un moment de sa vie. « Durant cette période de Covid-19, nous, les artistes, étions coincés sur le plan de création et Kin ArtStudio a mis en place un projet pour nous permettre de travailler et de donner un sens à l’art« , a-t-il déclaré.

Durant deux mois, Maza a réalisé quatre œuvres. Ce qui est un miracle pour lui. Il estime que n’eût été le retard connu par la livraison des matériaux commandés à l’extérieur de la République Démocratique du Congo dans le contexte de la covid-19, il pouvait bien réaliser ces quatre tableaux en moins de deux mois.

Comme matériels, il utilise des crayons de couleurs, pastels à sec, et principalement le stylo à bile. Pourquoi le stylo à bile ? L’artiste répond : « C’est parce que c’est quelque chose qui est liée avec notre société. Cela nous permet de cristalliser des ordonnances, d’écrire, de lancer des messages. Je me suis accaparé de ce stylo pour insérer notre société et lancer un message aussi« .

Ses œuvres n’ont pas d’appellations particulières. « Les intituler chacune serait un peu compliqué, mais j’aimerais juste parler du projet en question. Mon projet est nommé Transco ou Trans Congo. Trans= aller au delà. Là, je questionne tout ce qui est lié à l’exploitation et à la transformation des minerais et aussi, à l’incertitude sur la vie des gens qui sont dans l’Est du Congo, qui ont été victimes de toutes les atrocités, mutilations et des rapacités pendant deux décennies« , a déclaré Nathanaël Maza.

En observant ses œuvres, nous remarquons que les visages des personnages qu’il met en vedette sont masqués ou portent un point d’interrogation.  Il justifie cette démarche par le fait que ces points traduisent l’incertitude qu’il y a sur la vie de ces gens qui sont dans l’Est de la Rd-Congo. « Leurs vies ne sont pas entre leurs mains, mais dépendent de tous ces rebelles« , a-t-il laissé entendre.

Profitant de notre micro, Nathan Maza a rappelé aux rd-congolais au l’opinion entière que certains produits électroniques qu’ils utilisent au quotidien constituent l’une des richesses qui créent tout ce désarroi dans la partie est de la Rd-Congo. « Dans mes œuvres, j’interroge la société pour que désormais, nous parlions de ce problème. Après deux décennies, cette guerre perdure et il n’y a pas des revendications. Moi, je dis que nous devons revendiquer et interroger les multinationales, et leurs montrer qu’ils peuvent exploiter tout en respectant le droit de l’autre« , a-t-il suggéré.

Pour les prix que coûteront ces différentes œuvres issus de la résidence, l’artiste s’est réservé de les dire au de notre entretien. Cependant, il pense que le coût d’une œuvre tout dépend de l’endroit où il est présenté au public. Comme il les a réalisé dans un contexte très singulier, il échangera avec Vitshois Mwilambwe, le directeur de Kin ArtStudio pour qu’il ait une idée sur la valeur de ses tableaux.

Il s’est rejoui du fait grâce à KAS, il a rencontré et a travaillé avec le célèbre artiste visuel camerounais. C’est qui est un plus dans son curriculum vitæ artistique.

Êtes-vous prêt un jour à retourner dans une Académie des Beaux-arts ?

Un jour, je crois que je vais y retourner pour me spécialiser plus sur la théorie comme la psychologie de l’art.

Biographie

Encore tout petit, Nathanaël Mutelezi Maza avait déjà une passion pour l’art sans qu’il sache qu’il avait du talent qui coulait dans ses veines. Il dessinait avant que ses parents, une fois qu’ils comprennent cela, l’orientent à l’Institut des Beaux-arts de Kinshasa pour les humanités artistiques, option : sculpture. Aujourd’hui, avec son stylo, ses crayons de couleur…ses pastels, Nathan développe un style qui nécessite une concentration et beaucoup plus d’engagement. Ce jeune use une technique dont il développe à sa manière avec plus d’assiduité. Des personnages présentant des scarifications en totale confrontation avec la culture qui traduit l’âme d’un peuple.

Dans son travail, Nathan interroge la société qui se plonge dans une sous-estimation parfois à l’aveuglette. Il remet sur scène une valeur passée et oubliée, qui faisait, selon lui, la fierté de l’africain noir, parce que ces signes distinctifs identifiaient ce personnage. Son art évoque une sorte de réappropriation des valeurs traditionnelles africaines. Même si du point de vue psychologique, l’incision, cette agressivité -plus ou moins consciente- que l’on retourne contre soi-même, Nathan Mutelezi tente de l’atténuer dans sa création à travers les jeux de couleur. Il fait appel à plusieurs approches artistiques pour aboutir dans ses projets.

CINARDO KIVUILA