Blogosphère en RDC : « Comme tout autre média en ligne, le blogging a également un meilleur avenir » (Lemien Saka)

A travers une interview avec notre rédaction Eventsrdc.com, Lemien Saka Nunga -coordonnateur de la communauté de blogueurs Habari RDC à Kinshasa nourrit la conviction d’un avenir meilleur pour la blogosphère en générale et rd-congolaise en particulier. Il pense que comme tout autre média en ligne, le blogging a également un avenir meilleur mais qui nécessiterait un modèle économique efficace. « Il est maintenant question pour le blogging et les médias en ligne de définir un modèle économique, efficace, qui marche et qui permet à un blogueur ou un journaliste web de vivre de son métier », a-t-il dit. Entretien.

Lemien Saka. Ph. Dr Tiers

Etant l’un des responsables du blog Habari RDC, quelle lecture faites-vous de la blogosphère rd-congolaise à ce jour ?

J’ai trois lectures que je fais de la blogosphère rd-congolaise. La première est celle de ceux qui nous ont précédés et qui ont essayé de donner une identité congolaise dans le monde du blogging. La deuxième était la période du tout-venant. A cette période la société a commencé à assimiler tout ce qui est mal fait (fake news) sur internet aux blogueurs. Et enfin, nous avons créé Habari RDC, à travers, quoi nous avons pu donner  aujourd’hui, une identité différente  de ce qu’est le bloging. Aujourd’hui, le bloging est respecté dans le sens où ce que nous produisions comme contenu est parfois respecté même par les journalistes, même par les décideurs et également par des structures internationales.

Ceci s’explique par les différents prix que nous avons reçu, entre autres, le prix de média de l’innovation de la Francophonie en 2017 et le prix Index Sens Worship en 2018. Je pense que la qualité du travail que nous fassions, nous, en tant que communauté des blogueurs de la Rd-Congo, fait que nous soyons une référence et aujourd’hui, nous réussissons à écrire le nom du Congo en ligne au même niveau que les journalistes internationaux. Nous avons réussi à différencier le monsieur qui raconte n’importe quoi sur internet et un blogueur.

Nous, en tant que communauté des blogueurs, nous avons une charte qui définit le travail que nous faisons. Nous avons des lignes éditoriales, nous avons toute une équipe qui travaillent, seulement notre approche est différente de l’approche journalistique.

Lemien en compagnie de deux autres blogueurs rd-congolais. PH. Dr Tiers

A côté de toutes les plateformes d’information qui existent, croyez-vous à un avenir meilleur pour les blogueurs ?

Oui. Je le crois. Parce que le blogueur n’est pas limité dans sa façon de faire et c’est déjà ça l’avenir. L’avenir, c’est l’innovation. Le blogging comme tous les autres médias en ligne ont de l’avenir. Parce que les outils numériques donnent la possibilité à tout le monde d’apprendre. Il est maintenant question pour le blogging et les médias en ligne de définir un modèle économique, efficace, qui marche et qui permet à un blogueur ou un détenteur d’un média en ligne de vivre de son métier.

A la différence d’un journaliste, un blogueur peut exprimer une opinion subjective. Existe-t-il aussi des principes ou normes qui recadres un blogueur dans la manière à rendre les faits comme il se doit ?

Les principes ou normes se situent à deux niveaux : le niveau communautaire et le niveau individuel. Un blogueur qui évolue seul, fixe lui-même ses limites selon les thématiques qu’il aborde. Les blogueurs qui évoluent dans des communautés comme la nôtre sont régis par des chartes. Chez Habari RDC, nous avons des chartes que tout blogueur faisant partie de la communauté est censé savoir. Chaque communauté de blogueurs est censée avoir une charte qui définit le fonctionnement du blogging. Mais notre charte à nous est inspirée de la charte journalistique. La force du blogging est de travailler en communauté.

Lemien Saka aux couleurs d’Habari RDC. Ph. Dr Tiers

Quelle est la différence entre un blogueur et un journaliste web ?

Un journaliste web écrit des papiers des journalistes et un blogueur écrit des blogs. Les deux écrivent avec des angles différents. Devant un même fait, un blogueur racontera une histoire en partant de ce fait et il y ajoute son ressenti, mais un journaliste va reprendre les faits tels quels en suivant la ligne éditoriale de sa maison d’édition.

En tant que blogueur, nous ajoutons le ressenti dans tout ce que nous faisons. Nous sommes des Story teller. Nous racontons des histoires. Notre but est d’emmener notre société à changer la perception des faits. Nous ne nous contentons pas de dire « qui, a fait quoi, quand, où et comment ». Nous y ajoutons de la vie. Nous essayons de raconter la vie derrière les faits.

Avec une liberté éditoriale, ne pensez-vous pas qu’un blogueur peut influencer en mal l’opinion publique ?*

Oui. C’est possible. Un journaliste tout comme un blogueur peut influencer en mal. Il faut juste faire un appel à la conscience. Aujourd’hui, nous avons fait du blogging notre profession. En faisant un travail, il faut toujours penser aux conséquences. Ce n’est pas parce qu’il est blogueur qu’il va influencer négativement l’opinion publique.

Lemien lors d’un atelier avec les blogueurs. Ph. Dr Tiers

Comment gérez-vous l’aspect fake news ou infox dans les milieux des blogueurs en général et en Rd-C en  particulier ?

Pour les fake news, chez Habari, nous avons ce qu’on appelle Habari Décrypte. C’est-à-dire nous agissons en amont avec des articles de vérification en emmenant nos lecteurs à détecter par eux-mêmes les infox avant que ceux-ci existent. Si un lecteur peut par lui-même détecter un fake news en lisant un article, là c’est déjà une réussite. Aujourd’hui, il y a un mouvement qui se fait sur internet qu’il est important d’initier les lecteurs au monde des nouveaux médias. Nous ne voulons pas avoir le monopole de la connaissance ou de la bonne information. C’est pourquoi nous emmenons les lecteurs à travers des articles de vérification, à détecter les infox.

Quels sont, selon vous, les règles pour avoir un blog à succès ?

Le secret, c’est le contenu. Donnes aux lecteurs ce qu’ils cherchent et le reste va couler. Il faut savoir soigner le contenu et savoir à qui on s’adresse. Sur ce point, il y a encore un travail à faire. Chez nous, il y a un programme intitulé Habari Café Blog. Ce sont des rencontres hebdomadaires que nous avons stoppé avec le Covid-19. Elle consiste à faire des échanges des renforcements des capacités à l’intention de nos blogueurs.

Un groupe des blogueurs rd-congolais en formation. Ph. Dr Tiers

En quelques mots, qu’est-ce que le groupe de blogueurs Habari RDC vise exactement ?

Habari vise le changement social. Chaque année, nous lançons des appels à contribution et il y a des blogueurs qui postulent, et qui intègrent la communauté en devenant membre, et ils sont ensuite coachés.

Habari RDC est une communauté des blogueurs et également un projet de l’ONG internationale RNW Media. Avec un effectif de plus de cent blogueurs répartis dans l’étendue de la Rd-Congo, cette communauté constitue un espace d’expression pour les jeunes. A la base Habari RDC est un assemblage des plusieurs structures de blogueurs de plusieurs différentes provinces rd-congolaises. A travers cette communauté, nous créons des espaces numériques pour que les jeunes s’expriment dans trois thématiques qui sont l’indépendance inclusive, la cohésion sociale et le droit à la santé sexuelle et reproductive.

Un message à tous les blogueurs qui liront cette interview ?

Nous sommes fières de ce que nous avons construit. Aujourd’hui, en tant que communauté, nous sommes fières d’être partie des insultes pour être considéré comme acteur des médias. Il y a encore un combat à mener comme le droit d’accès à internet. Et, ce que nous sommes aujourd’hui, c’est le résultat de chaque mot que nos blogueurs ont placé dans leurs articles et de chaque publication qu’ils ont fait sur leurs pages Facebook et leurs comptes Twitter.  Nous continuons le combat tout en étant déjà victorieux.

GLODY NDAYA

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