Dans un paysage musical en pleine effervescence, la confusion règne encore sur les rôles de différentes instances. Éclairage.
Dans un contexte où le talent musical émerge à tous les coins du continent, beaucoup d’artistes et de fans restent encore mal informés sur le fonctionnement réel de l’industrie musicale. L’obsession autour de la certification. “Qui est certifié ? Où ? Comment ? Et pourquoi ?”, donne souvent lieu à des malentendus, des polémiques et des guerres de clans.

Au cœur du problème : une méconnaissance des rôles de principales structures qui interviennent dans l’écosystème musical, telles que la SACEM, le SNEP, ou encore l’AMC.
SACEM : Gestion des droits, pas des certifications
Intervenant récemment dans un cadre au Kongo Music Expo 2025, Akotchayé Koula Okio, responsable du développement international pour l’Afrique à la SACEM, a tenu à clarifier les choses avec des mots simples à notre préoccupation.
« Nous ne faisons pas de certifications. Nous sommes une société de gestion des droits d’auteur, ce qu’on appelle la gestion collective. Il y a des créateurs qui nous confient leurs droits sur la partie économique de leurs œuvres. Chaque fois que leurs chansons sont diffusées ou exploitées quelque part, ils nous donnent mandat pour aller récupérer l’argent à leur place. Notre travail, c’est de collecter ces revenus et de les redistribuer aux ayants droit », dit-il.
Et d’ajouter : « Pour tout ce qui concerne la certification, il faut s’adresser à l’AMC. Nous, dans notre rôle, nous sommes l’équivalent de la SOCODA ici en RDC. »
Une mise au point utile, dans un climat où beaucoup d’artistes confondent encore droits d’auteur, certifications et classements.

SNEP : certifications et classement en France
Le Syndicat National de l’édition phonographique – SNEP- est l’organisme qui représente les producteurs de musique en France. Il regroupe les géants comme Universal, Sony Music, Warner, mais aussi des labels indépendants. Son rôle est multiple :
1. Certification des ventes musicales
Le SNEP attribue les disques d’or, de platine ou de diamant, en fonction de seuils précis de ventes et de streams.
2. Publication des classements officiels
Chaque semaine, il publie les Top Singles, Top Albums et Top Streaming, qui reflètent la consommation réelle de musique dans le pays.
3. Défense des producteurs
Il agit comme un syndicat professionnel, défendant les intérêts économiques des producteurs, luttant contre le piratage, et dialoguant avec les autorités.
4. Promotion de la musique française
Il soutient les artistes locaux à travers des politiques culturelles et des quotas radio pour la chanson francophone.
5. Analyse du marché
Enfin, le SNEP publie des rapports chiffrés réguliers sur l’état de la musique : évolution du streaming, tendances de consommation, etc.

AMC, un SNEP africain ?
L’African Music Charts -AMC- est souvent comparée au SNEP pour l’Afrique francophone. Sa mission est claire : certifier les performances musicales, valoriser les données, et encourager les artistes à se professionnaliser.
« Ce n’est pas parce qu’un artiste a beaucoup de vues sur YouTube qu’il est certifié. La certification repose sur des reportings financiers, transmis par les distributeurs comme Universal, Sony ou Believe », explique Diadane Diaw, présidente de l’AMC.
L’AMC ne verse pas de revenus, mais elle reconnaît officiellement les œuvres qui atteignent certains seuils de performance, selon une méthodologie transparente – disponible en ligne -.
Responsabilité du public
Maintenant que les malentendus sont levés, le rôle du public devient central : Acheter de la musique, streamer sur des plateformes légales et monétisées, c’est soutenir directement les artistes.
Car rappelons-le, en RD-Congo et dans plusieurs pays d’Afrique, les vues YouTube locales ne sont pas monétisées. Cela signifie que ces vues ne génèrent pas de revenus, et ne comptent pas pour les certifications si elles ne sont pas bien reportées.
Lire aussi :
PLAMEDI MASAMBA