Intervenant lors du Kongo Music Expo du 18 juin 2025 à l’Institut Français sur la thématique de “L’importance des données – data – dans la musique”, Édouard Witrand, représentant de Soundcharts-France, a livré un message fort à l’attention des artistes africains : les données musicales sont un bien précieux, encore trop sous-exploité sur le continent.
« Ce qui a été dit pendant la conférence, c’est qu’il n’y a pas forcément un manque de données, mais plutôt un manque de visibilité et d’accès à ces données. Et ça, c’est une différence importante », a-t-il martelé.

Selon lui, l’Afrique ne souffre pas d’un manque de données musicales, mais plutôt d’un retard dans leur structuration, leur accessibilité, et surtout leur usage. Il y voit une question de culture et de sensibilisation.
« Ce que je veux dire, c’est qu’en Afrique, il n’y a pas vraiment un retard en matière de données en tant que telles – elles existent. Mais il y a peut-être un retard sur l’accessibilité, et surtout sur l’usage de ces données. L’enjeu, c’est donc de comprendre l’intérêt de la donnée, la façon dont elle est perçue, et ce qu’on en fait concrètement. »
Soundcharts, un outil au service de la carrière artistique
Soundcharts, où travaille Édouard Witrand, est une plateforme d’analyse de données musicales en temps réel, utilisée par des milliers de professionnels dans l’industrie musicale. Elle permet de mesurer la visibilité, la performance et la popularité d’un artiste ou d’un morceau à l’échelle mondiale.
Parmi les données analysées :
• Les streams – Spotify, Apple Music, etc. –
• Les audiences radio dans plus de 100 pays
• Les classements musicaux – charts –
• L’activité sur les réseaux sociaux – Instagram, TikTok, Twitter, Facebook –
• Les playlists dans lesquelles un titre est intégré
• Les données issues de Shazam
• La géolocalisation des écoutes et des fans

« À côté de ça, j’ai aussi évoqué le manque de structuration dans les métadonnées. Ce sont toutes ces informations qu’on entre lorsqu’on publie un titre : le nom de l’artiste, le nom du compositeur, le genre musical, etc. Toutes ces métadonnées permettent un meilleur suivi et une exploitation plus cohérente des données derrière », a-t-il expliqué.
Des données pour structurer une carrière
Utilisées à bon escient, ces données permettent à un artiste de :
• Suivre sa carrière en temps réel
• Planifier des tournées ou des campagnes promotionnelles
• Repérer des tendances
• Pitcher son projet auprès de radios ou de marques
• Mesurer l’impact d’une sortie musicale ou d’un investissement
Mais encore faut-il savoir où trouver ces données, comment les lire, et pourquoi elles comptent.
« Il y a aussi un aspect culturel : il faut apprendre à apprivoiser ses données. Elles sont là, souvent facilement accessibles. Mais parfois, selon les informations que j’ai reçues, il y avait une vraie zone d’ombre sur des choses simples, comme : combien de streams j’ai faits ? Combien de passages en radio ? »

« Pour un artiste ou un manager indépendant, l’accès à ces données est possible. Il faut juste savoir où aller les chercher, comment les lire, et surtout prendre conscience qu’elles existent », a-t-il insisté.
Enfin, Édouard Witrand a tenu à rappeler une vérité essentielle : « Attention cependant : les données ne garantissent rien en soi. Ce qui compte avant tout, c’est la musique, l’art, le talent, et la façon dont cela résonne avec les auditeurs. Mais la donnée peut servir à structurer un parcours, à donner un cap, un objectif, et à construire une stratégie marketing solide. Elle aide à ne pas partir dans tous les sens, mais à avancer avec méthode. »
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PLAMEDI MASAMBA