Christian Luamba plaide pour la vraie industrialisation de la RDC, mais avec une main d’œuvre locale qualifiée

Soucieux du développement de la République Démocratique du Congo, à travers un bon plan d’industrialisation, l’Ingénieur civil en polytechnique de l’Université de Kinshasa et Master en business administration de l’Université de Liverpool au Royaume-Uni, le rd-congolais Christian Luamba Masala Yenga veut voir son pays se relancer sur de très bonnes bases sans colorations politiques, mais en s’appuyant sur la formation à tous les niveaux de la vie et en faisant de la lutte contre la corruption une réalité et non, un slogan. Il reste optimiste qu’à court et avec une ferme volonté, son pays, la Rd-Congo ira de l’avant.

Pourriez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?
Après mes études, j’ai travaillé à SEP Congo, qui est une grande entreprise pétrolière en RDC. Après SEP Congo, je suis allé dans le secteur des télécommunications, chez Airtel où j’ai commencé comme ingénieur simple et jusqu’à devenir directeur au niveau du planning et après, je suis allé à Ericsson, qui est une multinationale bien connue. Et, c’est là aussi que j’ai travaillé comme l’adjoint du CEO.

Maintenant, je suis directeur technique à un grand centre hospitalier du Congo, le Centre hospitalier Monkole.

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Au-delà de tous vos engagements professionnels, aviez-vous une vision particulière sur la RDC ?
Bon ! La vision particulière de la RDC. La RDC est un grand pays aux immenses potentialités. Tout est là au Congo en terme des ressources pour développer ce pays. Mais, c’est plutôt, le cadre qui ne permet pas à ce que le développement soit une réalité. Plusieurs éléments entre en jeu pour que les choses changent notamment le cadre juridique, la formation, la main d’œuvre qualifiée et le cadre politique, et à ajouter, aussi à cela, la corruption qui a vraiment des beaux yeux dans notre pays. Tous ces maux font à ce que l’on avance pas en dépit des immenses ressources que regorgent le pays.

Nous sommes à la 59ème année d’indépendance de la RDC. Si nous fassions le bilan, nous verrons qu’à un moment, il y avait quand même des industries au niveau minier, mais depuis, la dégradation totale. En tant qu’ingénieur civil, comment analysez-vous le problème de l’industrie du Congo ?

Vous remarquerez que la plus part d’entreprises que nous avions ici au Congo, constituent l’héritage de l’ère coloniale. Quand vous prenez le secteur minier, il y a la Gécamines et la MIBA. Lorsque vous fouillez dans d’autres secteurs comme les télécommunications là où moi j’étais, vous verrez qu’il y a les mêmes entreprises telles que la Rénatelsat, la SCPT (ex.OCPT). Dans le secteur de transport, je me permets de vous citer la SCTP (ex.ONATRA) et les LAC (Lignes aériennes congolaises). Vous remarquerez qu’avec le temps, toutes les entreprises laissées par les colonisateurs ont toutes, tombé en faillite. Aujourd’hui, la Gécamines est l’ombre d’elle-même. La MIBA. N’en parlons même pas. L’ONATRA, aujourd’hui, une autre réalité. Vous remarquerez qu’il y a aucun train qui roule encore. Pendant que vous prenez le pays comme l’Afrique du Sud où j’ai été, il y a quelques temps, vous remarquerez qu’à chaque dix minutes, quand vous êtes sur un rail, il y a un train qui passe, soit des trains passagers, soit des trains marchandises, mais pour la RDC, ce n’est pas le cas.

Aujourd’hui, l’industrie de la RDC n’ai pas ce qu’elle devrait être par rapport aux défis que nous avons par rapport aux besoins du pays et par rapport, aux potentialités.

Le grand frein pour le moment est la corruption qui semble avoir de beaux jours dans notre pays. Vous remarquerez, quelles difficultés ont les opérateurs téléphoniques.

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En bref, le cadre légal n’est pas vraiment propice pour permettre à ce que les entreprises émergent réellement dans ce pays.

À qui attribuez-vous ce mal ou ces maux qui rongent la RDC ?
Principalement, aux dirigeants du pays. Les dirigeants du pays doivent préparer et mettre les cadres qui permettent l’éclosion de ces entreprises au pays. Ils doivent combattre la corruption. Non parler seulement de la corruption, mais combattre réellement les mécanismes. Imaginez depuis 20 ans, nous parlons toujours de détournement. Combien des ministres ont été arrêtés ? Combien des PDG d’entreprises ont été arrêtés ? L’impunité règne encore.

Lors de son arrivée au pouvoir, le président, Félix Tshisekedi, dans son discours d’investiture, a promis qu’il va s’attaquer à la corruption qui est une réalité au Congo. Il avait dit qu’il s’appuyera sur certaines structures nationales et sur certains pays étrangers entre autres, les États-Unis d’Amérique.

Êtes-vous sûr qu’avec cette puissance mondiale, la RDC va dans cinq ans se repositionner ?
Je commence par porter un rectificatif. L’extérieur ne peut que venir soutenir là où nous avons mis de bonnes bases. C’est bien de dire combattre la corruption, mais cela ne doit pas être des vieux pieds. Nous devons vivre ce combat ou cette lutte dans les actes au quotidien. Voyez comment l’opacité règne même dans l’attribution des marchés liés aux grands travaux que nous avons au pays. Quelle opacité !

L’extérieur viendra pour nous appuyer là où nous avons déjà mis de beaux cadres. Qu’ils viennent avec leur expertise pour nous aider à avancer. Mais quand nous mêmes-nous, nous n’avons pas mis de bases, nous pouvons bien recourir aux appuis extérieurs, mais rien ne marchera.

Sous Kabila, il y avait tout un conseiller spécial qui était nommé pour lutter contre cela. Voudrez-vous que le président actuel fasse la même chose ou qu’il investisse réellement la justice pour lutter contre la corruption ?
La justice doit être libre et indépendante. Nous n’avons pas besoin d’un conseiller spéciaux en matière de la corruption. Nous devons seulement avoir une justice libre et indépendante.

A l’époque de Kabila, il y avait un conseiller spécial. Combien des conseillers ont été arrêtés ? Vous voulez me dire qu’à l’époque de Kabila, il n’y avait-il pas des actes de corruption ou ni des détournements ? Il y en avait eu. Mais personne n’a pas été envoyé au tribunal. Personne n’a pas été arrêté. C’est cela le problème. Il ne faut pas que la lutte contre la corruption ne soit pas seulement du folklore. Qu’elle soit une réalité.

Selon vous, le frein de l’industrialisation de la RDC réside au niveau de la corruption et non, au niveau du financement ?
Il y a le financement, le cadre légal, la sécurité juridique et judicaire. Il y a aussi la corruption. Il faut donc un bon cadre juridique et judicaire. Il nous faut un financement et une main d’œuvre qualifiée qui viendra de la formation. Nous devons avoir des ingénieurs et des ouvriers bien formés.

Vous constaterez que pour combler ce manque, la plupart des chantiers que nous avons ici au Congo, les chefs recourent à la main d’œuvre asiatique. C’est un réel problème que nous ne devons pas négliger.

Par rapport à la main d’œuvre asiatique. Certaines sources nous renseignent que ces marchés publics n’ont rien avoir avec le cadre légal de passation des marchés. Ce sont, par contre, des arrangements particuliers qui profitent aux personnalités impliquées derrière cette combine ?
Au-delà de cela, il y a aussi un vrai problème de qualification de nos techniciens, de nos ouvriers et de nos ingénieurs. J’ai parcouru presque tout le secteur. J’étais dans le secteur pétrolier après dans les télécoms. Maintenant, je suis dans le biomédical, je constate le même problème liée à la main d’œuvre. À l’heure actuelle, notre RDC n’a pas une main d’œuvre qualifiée qui peut prendre en main seule le développement industriel du pays. Nous devons toujours nous associer avec l’extérieur pour avancer tout en investissant sur notre éducation nationale et en recyclant les diplômés qui travaillent déjà.

Nous devons bien former nos jeunes gens à partir de l’école primaire, du secondaire jusqu’au niveau supérieure et universitaire.

Aviez-vous un message particulier à adresser au Président de la République ?
Le message particulier est qu’il ait une vision claire pour le développement du Congo.

Il ne faut juste pas faire des déclarations pour la consommation du grand public. C’est mieux qu’il ait un plan et ce plan doit être réellement exécuté. Il doit réellement combattre les antivaleurs.

C’est le conseil que je peux prodiguer aux autorités.
CINARDO KIVUILA