Culture – Angelus Kipulu: « C’est l’argent qui bloque la production cinématographique en République Démocratique du Congo »

Artiste cinéaste et musicienne rd-congolaise, Angelus Kipulu s’est livrée à cœur ouvert à Eventsrdc.com sur ses débuts en cinéma. Elle a émis son avis au sujet du 7ème art en République Démocratique du Congo et a, par la suite, dévoilé quelques projets pour les cinq prochaines années de sa carrière. Entretien.

 

Comment êtes-vous devenue cinéaste ?

 

J’ai découvert le cinéma en étant cinéphile. Déjà très jeune, j’aimais le film et le dessin animé. J’ai commencé à aimer le film parce qu’à l’époque j’étais déjà comédienne de théâtre. Donc, je suis passé à Washiba avec le spectacle de « La sage folle », puis j’ai atterri chez University Selection Théâtre, ensuite chez Marabout Théâtre où j’ai passé 12 ans de ma carrière en tant que comédienne de théâtre de scène. Et, c’est vers les années 2009 qu’enfin, je découvre la télévision avec la série « Mamou l’africaine ». Depuis 2009 jusqu’aujourd’hui, j’ai décollé avec ma carrière de cinéma.

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En Rd-Congo, le cinéma n’a pas sa juste valeur. Vivez-vous réellement de votre profession ?

 

Le cinéma en République Démocratique du Congo a sa valeur, sauf qu’il faudra maintenant préciser avec exactitude comment les choses se passent. C’est déjà à partir des années 2000 que nous avons eu des réalisateurs comme Patrick Kalala, Monique Phoba, Djo Munga et autres, qui ont commencé à réveiller le cinéma qui était endormi.

 

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Le cinéma congolais est entrain de reprendre le souffle déjà avec l’influence du « Théâtre de chez nous ». Cette influence qui a fait justement que le cinéma ne meurt pas. Pour répondre à votre question, je vis du cinéma, de la musique. Bref, je vis de l’art. L’art est un bon métier. D’ailleurs, c’est un message que j’adresse à tous les parents qui ont l’habitude de décourager leurs enfants, de leur dire qu’un artiste c’est un pauvre. Non, un artiste n’est pas un pauvre, c’est une personne importante et un génie.

 

Combien de films avez-vous déjà à votre actif ? Et, quel est celui qui a le plus marqué votre carrière ?

 

Je ne suis pas encore réalisatrice, mais peut-être en devenir. Sauf que les films dans lesquels j’ai joué et travaillé sont nombreux. Il y a la série « Mamou l’africaine », « La princesse Eka », « La série Zora » … De toutes ces séries et tous ces films, je garde de très bons souvenirs et une très bonne expérience.

 

Les cinéastes rd-congolais évoluent-ils en structure pour faire connaître leurs œuvres et eux-mêmes ou chacun est dans son coin ?

 

Les structures de production cinéma en RDC existent. Sauf que nous n’avons pas des modes de distribution ou de vente de nos films. C’est un problème que sommes en train de voir et que nous allons résoudre.

Il y a des maisons de production, à l’instar de Bimpa Production de Tshoper Kabambi, Tosala Film, Kuba Film d’Emmanuel Kuba, Moyi Prod de Moyindo Mpongo. Il y en a beaucoup, mais nous ne travaillons pas avec le soutien du gouvernement. Nous avons un ministère de la Culture et des Arts qui ne fait rien.

 

Selon vous, qu’est-ce qui freine la production et la promotion du cinéma rd-congolais à l’interne et à l’international ?

 

Ce qui bloque la production cinématographique en RDC, c’est l’argent. Si seulement si le gouvernement ou un bailleur donnait à un cinéaste les moyens de pouvoir travailler, de trouver les matériels qu’il faut, de trouver les acteurs pour faire un bon film, je ne vois pas pourquoi les cinéastes auront à se plaindre.

Ne pensez-vous pas que le cinéma peut aussi être pour vous un moyen de dénoncer les mauvais traitements que subissent les femmes rd-congolaises dans les zones de conflits armés et dans les milieux professionnels, et mettre en avant leurs valeurs ?

 

Le cinéma est un métier qui nous permet de dire à haute voix ce que nous sommes incapables de dire en tant que femmes. Il nous permet de détendre notre voix à travers le monde pour dire non à beaucoup d’antivaleurs.

La violence faite à la femme est une chose qui fait très mal. D’où, le seul moyen pour nous de pouvoir dénoncer ces choses, c’est en parler dans les films, dans les documentaires, dans la musique, dans la peinture, etc. Ce n’est pas un sujet que nous prenons à la légère. Car, nous voulons que les choses changent justement.

 

Quels sont vos projets pour les cinq prochaines années ?

 

Pour les cinq prochaines années, j’ai pas mal de projets. Commençons par le cinéma avec mon film « Inferno » qui sera tourné au courant de cette année. Il y a beaucoup de films sur lesquels je suis en train de travailler.

Du côté musique, d’ici-là, je dois sortir un single qui s’appelle « Kin by night ». J’évolue avec l’orchestre Kento Bakaji, mais de l’autre côté, je suis en carrière solo et j’évolue dans mon coin.

D’ici 5 ans, je me dis que je vais booster les choses à Kinshasa et partout en RDC.

Un mot aux cinéphiles rd-congolais

Qu’ils suivent très souvent les films réalisés par les congolais et qu’ils les aiment aussi.

 

TRESOR TSHINKUNKU