Le mercredi 12 mars 2025, une équipe d’archéologues franco-congolais a présenté les résultats des fouilles menées dans les grottes de Dimba et de Ngovo, situées à Mbanza Ngungu, dans la province du Kongo Central. L’événement, qui s’est tenu dans la salle de cinéma de l’Institut Français de Kinshasa, a mis en lumière des découvertes fascinantes éclairant la vie des populations de cette région il y a plus de 2 000 ans.
Les fouilles ont mis au jour des vestiges archéologiques permettant de mieux contextualiser l’histoire ancienne de la région, de l’Âge de la Pierre à l’Âge du Fer. L’étude combine plusieurs disciplines, telles que l’archéobotanique, l’archéozoologie, la céramologie et l’analyse lithique, pour reconstituer les modes de vie, les paysages anciens, les croyances et les évolutions des populations de l’époque.

L’équipe de recherche
L’équipe de chercheurs, dirigée par des experts franco-congolais, comprend :
- Isis Mesfin, chargée de recherche au CNRS et au Muséum National d’Histoire Naturelle
- Igor Matonda, historien, archéologue et chef du département des sciences historiques à l’Université de Kinshasa
- Holy Ilo Ondel, archéobotaniste au Muséum de Paris et archéologue à l’Institut des Musées nationaux du Congo
- Lajoie Vutseme, anthropologue et archéologue à l’université de Kisangani
Un projet de recherche de longue haleine
Le projet de fouilles archéologiques dans les grottes de Dimba et Ngovo a débuté il y a deux ans, se concentrant sur ces deux sites principaux de la région de Mbanza Ngungu. Ces fouilles ont permis de mettre au jour divers objets, notamment des ossements humains et animaux, de la poterie et des outils en pierre taillée. Ces découvertes couvrent une période impressionnante, allant de 50 000 avant Jésus-Christ jusqu’aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles.
Le professeur Igor Matonda, l’un des principaux archéologues du projet, a expliqué que les fouilles récentes étaient bien plus approfondies que celles réalisées dans les années 1950 et 1970. Grâce aux approches paléoenvironnementales, il est possible de reconstituer le paysage ancien dans lequel vivaient ces populations, une méthode qui n’avait pas été utilisée dans les recherches précédentes.

Des découvertes inédites
Les fouilles ont mis en évidence l’existence d’une seconde tombe à l’intérieur de la grotte, en plus de celle bien connue de Ndombolozi (Dom Ambroise), datée autour du XVIᵉ-XVIIᵉ siècle, période correspondant au royaume Kongo. Les individus enterrés dans la grotte de Dimba pourraient avoir été des personnages importants du royaume Kongo. Ces découvertes renforcent l’importance de ces grottes en tant que sites historiques et culturels majeurs à préserver, protéger et valoriser.
Le professeur Matonda a également souligné l’importance des vestiges fauniques et céramiques qui permettent d’identifier les pratiques et occupations de cette grotte sur plusieurs milliers d’années. Ces résultats provisoires ouvrent de nouvelles perspectives sur l’habitat, l’agriculture et les modes de vie des populations anciennes de cette province.

Un patrimoine mondial en danger
L’une des missions importantes de ce projet est de soutenir la préservation de ces grottes en tant que patrimoine mondial de l’UNESCO. Bien que les grottes de Dimba aient été inscrites sur la liste indicative du patrimoine mondial, le dossier d’inscription n’a pas progressé aussi rapidement qu’espéré, faute de documentation scientifique suffisante. Les découvertes récentes jouent un rôle clé dans l’argumentation pour leur préservation. Le travail de l’équipe de chercheurs vise à produire des données scientifiques qui permettront de faire avancer le dossier auprès des autorités internationales.
Les fouilles de Dimba et Ngovo offrent un regard fascinant sur l’histoire de la région du Kongo Central. Ces découvertes, des outils des premiers hommes de l’époque préhistorique à la poterie en passant par les anciennes tombes de personnalités royales, permettent de réécrire une partie de l’histoire du Congo et de mieux comprendre les populations qui ont vécu dans cette région il y a plusieurs millénaires. Ce projet de recherche, qui se poursuivra jusqu’à la fin de l’année prochaine, promet de livrer encore de nombreuses informations cruciales sur la vie au Kongo Central il y a 2 000 ans. Son impact pourrait avoir des répercussions importantes sur la conservation du patrimoine historique et culturel de la région, ainsi que sur le développement potentiel du tourisme culturel dans la province.
PLAMEDI MASAMBA