Élections en #RDC : Kinshasa moto

Les violences politiques de retour en République Démocratique du Congo comme dans les années 90. On parlerait de septembre noir. Le bilan se contredise et/ou se complète. Les manifestations rassemblement survenues le lundi 19 ont fait 17 morts selon le gouvernement, plus de 50 d’après l’opposition. Le premier dénonce un « mouvement insurrectionnel », la seconde fustige une « dérive autoritaire du régime ».

La République démocratique du Congo (RDC) renoue avec ses vieux démons. Lundi 19 septembre, des heurts meurtriers sont survenus à Kinshasa et dans d’autres villes du pays, où l’Opposition avait appelé à manifester pour exiger du président Joseph Kabila qu’il quitte le pouvoir à l’issue de son mandat, le 20 décembre, et convoque l’élection présidentielle dans les temps. Selon la Constitution, mardi 20 septembre est la date limite pour convier les électeurs aux urnes.

Les bilans des échauffourées dans la capitale congolaise paraissent irréconciliables : 17 morts pour le pouvoir contre plus de 50 pour le « Rassemblement » de l’opposition. L’un et l’autre se renvoient la responsabilité des violences, comme en janvier 2015, lorsque des émeutes ont totalement échappé au contrôle des deux camps après la répression violente de manifestation anti-Kabila dans la capitale. On avait alors dénombré plusieurs dizaines de personnes tuées en trois jours.

« La ville de Kinshasa vient de faire face à un mouvement insurrectionnel qui s’est soldé par un échec », a affirmé à la presse le ministre de l’Intérieur, Évariste Boshab. Le « bilan provisoire » est de « 17 morts » : « trois policiers et 14 civils parmi les pillards », a-t-il ajouté. Le « Rassemblement » déplore pour sa part « plus de 50 morts » victimes des « balles […] de la police et de la garde républicaine ».

Responsabilité

Dénonçant une « dérive totalitaire du régime », la coalition d’opposition a appelé « toute la population à se rassembler » dès mardi « pour poursuivre sans désemparer les revendications » jusqu’au « départ définitif de Joseph Kabila de la tête de la RD Congo ».

« L’ordre sera respecté et les honnêtes citoyens seront protégés », a rétorqué le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, à la télévision publique. Plus tôt, ce dernier avait accusé l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), principal parti de l’opposition, d’avoir été à l’origine de la violence.

Bruno Tshibala, porte-parole de l’UDPS, le parti du vieil opposant Étienne Tshisekedi autour de qui s’est constitué le « Rassemblement », a accusé de son côté les forces de l’ordre d’avoir tout fait pour que les choses dégénèrent, en empêchant violemment les manifestants de converger vers le point de rassemblement puis en ouvrant le feu sur le cortège.

« Dès que nous avons effectué le premier pas de la marche, nous avons enregistré les premiers tirs [sur le défilé] et nous avons commencé à ramasser des morts », a déclaré Bruno Tshibala à l’AFP.

Elles ont été émaillées de pillages dans certains quartiers du sud de la capitale. Des incendies criminels ont également visé des bâtiments publics et des permanences de partis de la majorité.

Très véhéments, des groupes de quelques dizaines à plusieurs centaines de jeunes ont affronté les forces de l’ordre sur le trajet prévu de la marche, à coup de pierres, en criant des slogans en français ou en lingala comme « Kabila akende ! » (« Kabila dégage ! »).

Un journaliste de l’AFP a vu la police anti-émeutes tirer à balles réelles sur les manifestants aux abords du Parlement. Sonia Rolley, journaliste à RFI, et un photogrpahe de l’AFP qui couvraient tous deux les événements ont été interpellés à la mi-journée par la police militaire. Frappés à plusieurs reprises, ils ont fini par être relâchés en fin d’après-midi. Auparavant, le photographe de l’AFP s’était fait confisquer les cartes mémoires de ses appareils par des policiers.

Des violences encore

Les violences se poursuivent à Kinshasa ce mardi 20 septembre 2016. Les sièges de quelques partis de l’Opposition sont incendiés. Il s’agit de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi, MLP de Franck Diongo et Fonus d’Olengankoy. Ces derniers accusent le Gouverneur de la ville-province de Kinshasa –André Kimbuta Yango et la garde républicaine.

Kinshasa et le reste de la Rd-C risquent de devenir le théâtre des hostilités et une zone rouge pour les étrangers comme à la fin du règne du feu Président de la République -Joseph-Désiré Mobutu Sese Seko Kuku Ngebdu Waza Banga.

Les églises qui manipulent et dépochent la population pensent déjà aux nouveaux vocabulaires qui leurs permettront de récupérer le manque à gagner de ces deux jours.

Les boulangeries, les banques, les supers marchés et boutiques ont fermé leurs portes. Selon certaines sources, les chinois, indiens, pakistanais et libanais restent toujours dans les viseurs de la population qui estime que ces expatriés soutiennent le régime en place.

Kinshasa en feu. Kinshasa en fumée. Kinshasa …

FRANCE24

HECTOR LEBO (EVENTSRDC.COM)