Ephraïm Baku, l’ovni de la photographie rd-congolaise

Son génie créatif, sa vision futuriste et la magie de son art donnent à ses photographies une dimension particulièrement atypique. De graphiste à photographe, Ephraïm Baku a su donner ses lettres de noblesse à son métier quitte à devenir un modèle.

Ingénieux et inventif, Ephraïm Baku qui fait de la photographie publicitaire et artistique, est très courtisé par plusieurs agences de communication grâce à son talent et son pragmatisme.

Enseignant à l’Académie des Beaux-Arts, le jeune photographe traite des sujets politico-socio-religieux de la RDC et de l’Afrique. Ephraïm Baku nous a accordé une interview. Entretien.

De graphiste à photographe, racontez-nous en plus bref votre parcours

Déjà lorsque j’étais étudiant à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, j’étais dans un auditoire où la majorité nous étions des graphistes. Tous touchions à Photoshop et faisions des photomontages avec des images téléchargées sur internet. Mes amis le faisaient super bien et là, je cherchais une voie de comment me démarquer pour me rendre utile aux autres. J’avais un ami à l’époque qui avait un appareil photo, je lui ai demandé de me l’emprunter pour que je commence à livrer des photos aux amis qui faisaient des photomontages et tout est parti de là.

Formé à l’Académie des Beaux-Arts, quel sentiment avez-vous à chaque fois que vous suscitez une grande admiration grâce à votre professionnalisme ?

Un sentiment de joie parce que ça n’a pas été facile en commençant par mère qui ne voulait pas du tout que je fasse ce métier. À voir là où je suis, ça ne pourrait qu’être la joie.

Ephraim pour Bralima

Vous avez prêté vos services à plusieurs agences de communication, fait des photos publicitaires et affiches de Kinshasa… Sentez-vous parfois coupable d’être plus sollicité que les autres malgré la concurrence ?

Coupable je dirai non. C’est ce que je propose aux clients qui fait en sorte que je sois un peu beaucoup sollicité parce qu’à chaque besoin d’un client, je fais un effort de donner un max et d’être plus créatif qu’une campagne précédente. Donc, je me rend encore et encore créatif que possible de manière à ce que lorsque le client va regarder le travail, qu’il ne soit pas déçu.

Qu’est-ce que ça fait d’être l’auteur de la plupart des photos dans presque toutes les affiches en RDC ?

Comme je l’ai dit ci-haut, c’est un sentiment de joie. Le chemin était long, un moment je voulais abandonner mais je n’ai jamais lâché. J’ai bossé dur et aujourd’hui c’est le résultat de plusieurs nuits blanches.

La dimension créative de vos photos fait-elle de vous un photographe différent ?

Déjà qu’à la base, je ne fais pas que de la photographie publicitaire, je fais aussi de la photographie dite artistique. Et comme chaque artiste a une dimension créative différente aux autres, je pense qu’à la base, je fais aussi la même chose surtout que mes sujets traitent beaucoup plus sur les situations politico-socio-religieuses de notre pays et de l’Afrique en général. Vous allez voir que mes approches sont vraiment différentes que ça soit dans la publicité et déjà que je suis connu grâce à mes séries des photos en noir et blanc.

Ephraim pour Orange

En tant que nouveau langage communicationnel, qu’a-t-il changé la photographie à l’ère du numérique aujourd’hui ?

Actuellement à l’ère du numérique, la photographie a beaucoup changé en parlant des réseaux sociaux. Il y a aucun réseau social  présentement qui n’intègre pas la photographie et surtout avec l’ascension fulgurante des Smartphones pour qui, la plupart intègrent un appareil photo et tout le monde aimerait bien se faire photographier pour des fins à être publié sur les réseaux aussi au niveau de la transmission de l’information.

La photographie aujourd’hui émerge en RDC, cependant il n’y a quasiment pas d’écoles ou d’universités à proprement parler de la photographie. Quels mécanismes mettre en place pour faire exister cet art ?

Si, actuellement même à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, il y a un département dédié à la photographie qui forme une nouvelle génération de photographes bien qu’auparavant la photographie était un cours qui se donnait dans le département de communication visuelle, mais présentement elle occupe tout un département dans lequel je suis aussi un enseignant.

Ephraim pour le couple Athoms

Qu’est-ce qui différencie selon vous la photographie d’hier et d’aujourd’hui ?

Avec l’ère du numérique qui domine presque tout, la différence entre la photographie d’hier et celle d’aujourd’hui pour moi se situe au niveau de la transmission de l’information. À travers la photographie, l’information se transmet en un éclair de seconde. Si nous revenons il y a 50 ans, elle n’était pas comme ça et surtout qu’aujourd’hui tout le monde a un appareil photo dans son Smartphone.

Pensez-vous que le métier de photographe perd peu à peu sa place avec l’avènement des téléphones sophistiqués ?

Rassurez-vous que le métier de photographe ne perdra jamais quel que soit l’intelligence artificielle que l’homme mettra dans les Smartphones. Le capteur est très limité à celui d’un appareil photo et à un certain niveau, ça demande l’expertise d’un photographe pour faire un travail. 

Quels sont projets d’avenir ?

J’ai plein de projets d’avenir, mais celui qui me tient beaucoup à cœur c’est de faire des expositions un peu partout dans le monde pour mes travaux artistiques.

Ephraim et Fally Ipupa pour BetWinner

Votre dernier mot

Je vous dirai un grand merci à vous pour m’avoir accordé ce petit moment de questions-réponses. Que Dieu vous bénisse.

ETIENNE KAMBALA