Firmin Yangambi comprend l’État de la nation et avise le Rassemblement

Avocat aux Barreaux de Kisangani et de la CPI, Acteur de la société civile et Prisonnier politique à la Prison Centrale de Makala à Kinshasa (CPRK), Firmin Yangambi a suivi de prêt l’état de la nation du Président de la République Démocratique du Congo Joseph Kabila, ce mardi 15 novembre 2015 en début d’après-midi. Il a, cependant, émis son point de vue sur les grandes lignes de ce discours qui selon lui n’a pas satisfait les rd-congolais du pays et de la diaspora. Quant au ralliement du Rassemblement des forces acquises au changement à l’accord du Dialogue National Inclusif signé le 18 octobre 2016 et à son entrée au gouvernement d’union nationale, Firmin tire la sonnette d’alarme. Interview !

Comme tous les rd-congolais, vous venez de suivre le discours du président Joseph Kabila devant le Congrès du parlement. Qu’est-ce qui a retenu votre attention?

La tournure mentale de l’orateur a retenu mon attention particulière. Son discours véhicule son mépris du peuple congolais et exprime sa volonté ferme de défier le peuple en restant au pouvoir par la force.
Le respect de la Constitution, l’ingérence étrangère, l’appel à l’unité, le social et autres sujets ont été évoqués par le Chef de l’État. Avez-vous trouvé votre part?

La part clairement exprimée par Joseph Kabila dans ces thèmes est sa conception du pouvoir politique et de l’État. La RDC est sa propriété privée. À ce titre, il n’a de compte à rendre à personne. L’État c’est lui. Les citoyens sont ses sujets obligés. Il décide en maître du temps et des circonstances du destin et de la condition des congolais. C’est un monarque absolu.

 

L’organisation des élections est la mission principale du nouveau gouvernement d’union nationale qui verra le jour dans quelques heures. Pensez-vous que cela sera possible avec le budget 2017 évalué à moins de 6 milliards de dollars?
D’abord, pas besoin d’un gouvernement d’union nationale pour organiser les élections si Joseph Kabila a la réelle volonté politique de réaliser ce devoir constitutionnel et démocratique. Ensuite, un gouvernement de 5 ans n’a pas été en mesure d’organiser les élections avec les provisions de 4 exercices budgétaires. Enfin, un budget au rabais offre trop peu de garantie de financement des élections pour un gouvernement qui a également mission d’améliorer le social des congolais!

 

Que comprenez-vous par ingérence étrangère?
Que comprenez-vous par ingérence étrangère? Je ne vois aucune ingérence étrangère. Au contraire, je constate un apport significatif de la communauté internationale au processus de paix, de démocratisation et de développement de la RDC. Ce que Joseph Kabila prend pour ingérence étrangère est certain le rappel de la communauté internationale à son endroit pour le respect des fondamentaux de la démocratie et des droits humains que son régime violent systématiquement.
Jusqu’à présent, le Rassemblement des forces acquises au changement campe sur ses positions, malgré les jolies phrases de la CENCO. Êtes-vous sûr qu’il signera l’accord du Dialogue National Inclusif et rejoignera le bateau de la Nouvelle Majorité Présidentielle ?
Ce serait une faute politique lourde du Rassemblement, car cet accord est un pas supplémentaire en faveur du régime obscur de Joseph Kabila.

 

Votre nom est-il sur la liste des prisonniers politiques qu’exige le Rassemblement ?

Je ne sais pas. Le plus important c’est mon combat pour la dignité de mon peuple et l’avènement d’une société de justice et de bien-être pour tous. Je totalisé 8 ans de prison pour cette cause. Je continue cette lutte les mains nues même dans ma condition d’opprimé. L’Histoire jugera.

Quels sont les points qui selon vous devaient être exploités, mais étaient absents de ce discours ?

A mon avis, ces 3 points ont été oubliés, à savoir :

Le Social: 15 ans au pouvoir et début d’ébauche de la stratégie de promotion sociale à 33 jours de la fin de mandat. Quelle intelligence?
La sécurité: L’objectif Paix et sécurité des populations est un échec patent.
Aucun mot sur la justice parce qu’il est conscient de la catastrophe judiciaire.
HECTOR LEBO YER