Henri Kalama croit à l’expansion d’un marché de l’art rd-congolais dans 5 ans : « Le verre est à moitié plein »

Directeur général de l’Académie des Beaux-Arts et artiste plasticien, Henri Kalama Akulez porte un regard optimiste sur le marché de l’art en République Démocratique du Congo pas encore totalement structuré mais qui a des beaux jours devant lui. Grâce à l’investissement des personnes ressources, Henri Kalama espère une évolution dans les cinq prochaines années.

10 heures. Notre rédaction débarque dans le bâtiment administratif de l’Académie des Beaux-Arts pour une interview exclusive avec son Directeur général, Henri Kalama Akulez. Après quelques minutes d’attente dans la salle d’accueil, un membre de son administration lui apprend de notre présence ensuite nous autorise à monter jusqu’à son bureau grimpant les escaliers. Assis sur son siège dans son cabinet aménagé avec ordinateur et des sculptures en bois, Henri Kalama nous reçoit l’air affable. Vêtu d’un costume et des lunettes claires dans les yeux, il n’attend qu’une chose : répondre à nos questions.

Directeur général de l’Académie des Beaux-Arts depuis 2016, Henri Kalama est un mordu de la culture et des arts. Dans une RDC où les artistes mettent sur un piédestal malgré les difficultés économiques, il pense que dans 5 ans, le pays verra se développer son marché de l’art.

« Le marché de l’art au Congo se construit lentement. Bien sûr que nous n’avons pas encore atteint le niveau de l’Afrique du Sud ou du Nigeria, mais au vu de l’engouement des jeunes pour le métier d’artiste ou foisonnement culturel ou encore le positionnement des artistes congolais à l’extérieur, cela montre que nous avons de bonnes raisons d’espérer », a souligné Henri Kalama Akulez.

Et de rajouter : « Peut-être dans quelques années, je pourrais dire dans 5 ans, les choses pourraient mieux s’améliorer parce que il y a des personnes qui commencent à vouloir investir dans le secteur, il y a des galeristes qui ouvrent, il y a des centres culturels ou encore des collectifs des jeunes qui se mettent ensemble…je crois que le verre est à moitié plein, nous n’avons pas encore un marché intérieur structuré, mais ça sera une question d’années seulement ».

Henri Kalama et sa vision des politiques culturelles et éducatives

La culture rd-congolaise a des arguments à faire valoir mais elle bat de l’aile par un manque criant de sa bonne politique. Celle-ci n’englobe pas que les artistes mais l’essentiel de l’homme.

Henri Kalama Akulez estime qu’une bonne politique culturelle passe impérativement par des mesures d’encadrement et la reconnaissance du statut d’artiste notamment.

« Il doit y avoir beaucoup de mesures d’encadrement. D’abord l’encouragement. Encourager des personnes à entreprendre dans le secteur culturel en accordant des avantages fiscaux, créer des mécanismes qui permettent à ce que qu’il n’y ait pas d’infrastructures sans œuvres d’art – on a vu ça en France, le 1% artistique -, il y a aussi une reconnaissance de statut d’artiste qui pourrait en sorte que ça soit des personnes qui sont prises en charge partiellement quand il s’agit des frais de santé, de logement… considérer le statut spécial de l’artiste pour qu’il puisse vivre décemment. Le modèle existe partout, il suffit de creuser, on pourra y arriver », a-t-il proposé.

Une gestion irréprochable à l’Académie des Beaux-Arts

Nommé en 2016 Directeur général de l’Académie des Beaux-Arts, Henri Kalama Akulez continue d’en mettre plein la vue. Une gestion irréprochable qui pourra faire des envieux. Pourtant, la redynamisation de cette institution universitaire est le fruit de trois piliers importants.

Henri Kalama Akulez assure avoir misé sur la construction d’une université de qualité insufflant un vent d’optimisme grâce au curricula, à l’infrastructure et aux ressources humaines.

« Nous avons travaillé sur le curricula, donc le contenu de nos enseignements, le changement de paradigmes, on devrait prôner pour un enseignement de l’approche par compétence. En changeant de paradigme, on se devait de promouvoir le coaching. Et en deuxième lieu, l’infrastructure parce que je me dis avoir un curricula sans l’infrastructure. Par infrastructure nous entendons des bons ateliers équipés et des bureaux à la taille de nos ambitions, les bureaux de canaux », a dit Henri Kalama Akulez.

Et de renchérir : « Et ensuite en troisième lieu nous avons les ressources humaines pour permettre à ce qu’il y ait renforcement des capacités et qu’il y ait une formation des enseignants à travers des cycles, des masters, des doctorats, des stages. Et nous avons réussi à former plusieurs enseignants. Et au moment où je vous parle beaucoup de jeunes sont en dehors du pays notamment en Chine, en Belgique, à Londres aussi pour se ressourcer et pour aider efficacement l’institution. Nous avons aussi accru la capacité d’accueil ».

Henri Kalama Akulez a promis dans la foulée une construction permanente de l’Académie des Beaux-Arts chevillée à l’esprit éveillé, assigné et contrôlé pour garder la cadence.

(Ré) écoutez en Podcast le récent passage d’Henri Kalama sur Eventsrdc FM Live :

https://soundcloud.com/eventsrdcfm243/itw-henri-kalama-et-le-regard-optimiste-du-marche-de-lart-rd-congolais-4

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CHADRACK MPERENG