Kabila à Der Spiegel : « Comment pourrais-je avoir un troisième mandat sans porter atteinte à la Constitution ? »

Dans une rare interview au magazine allemand Der Spiegel, le président congolais, Joseph Kabila, a assuré n’avoir « rien promis du tout » concernant la tenue de la présidentielle d’ici fin 2017.

« Je n’ai rien promis du tout ! Je souhaite organiser des élections aussi vite que possible », a déclaré Joseph Kabila à l’hebdomadaire Der Spiegel. « Nous voulons des élections parfaites, pas seulement des élections », a-t-il ajouté, expliquant que l’enregistrement des électeurs était en cours et « se déroule bien ».

Interrogé sur une éventuelle réforme de la constitution qui lui permettrait de postuler à un troisième mandat, le chef de l’État congolais a lancé : « Je suis très clair là-dessus. Tout ce blabla sur un changement constitutionnel est un non-sens total. »

Au pouvoir depuis 2001, Joseph Kabila aurait dû quitter le pouvoir fin 2016, à l’issue de ses deux mandats, comme prévu par la constitution du pays.

Quand Kabila entretient l’ambiguïté sur son avenir

Le dirigeant maintient toutefois une certaine ambiguïté sur une modification possible de la constitution, en soulignant qu’elle peut avoir lieu à l’issue d’un référendum. « Jusqu’ici nous n’avons pas entamé du tout le débat » sur une éventuelle consultation populaire, affirme-t-il dans le magazine allemand.

Cela dépend de ce qu’on entend vraiment par 3e mandat.

Mais interrogé à plusieurs reprises pour savoir s’il écartait définitivement un troisième mandat, l’intéressé a répondu : « Cela dépend de ce qu’on entend vraiment par 3e mandat ».

« Nous n’avons en tout cas pas l’intention de porter atteinte à la constitution. Et comment pourrais-je avoir un 3e mandat sans porter atteinte à la Constitution ? », conclut-il.

  1. Kabila a été élu président en 2006 lors des premières élections libres depuis l’indépendance du pays en 1960 avant d’être réélu pour un second mandat en 2011 à l’issue d’un scrutin au résultat contesté, marqué par des fraudes massives.

Depuis lors, la crise politique gangrène le pays et il n’y a plus eu aucune élection au scrutin direct. Depuis janvier 2015, les violences liées au retard du processus électoral ont fait des dizaines de morts à Kinshasa et dans d’autres villes du pays.

La crise s’est encore envenimée en décembre lorsque s’est achevé le mandat du président.

Sous l’égide de l’Église catholique, représentants de la majorité et de l’opposition ont signé le 31 décembre un accord de partage du pouvoir prévoyant la nomination d’un Premier ministre issu de l’opposition et la tenue des élections présidentielles et législatives cette année.

AFP