La Rd-C souffre d’une absence réelle de politique culturelle

La culture traduit l’âme d’un peuple, dit-on. En République Démocratique du Congo, cela ne semble pas être ainsi lorsque l’opinion constate l’absence d’une vraie politique culturelle pouvant booster le secteur culturel. Conséquence: les établissements culturels privés, qui ont longtemps pris « la place » de l’État rd-congolais dans ce domaine, disparaissent les uns après les autres, faute des moyens nécessaires de fonctionnement.

Certains bailleurs des fonds se retirent. Délaissés, les artistes crient au secours tout en interpellant le gouvernement congolais. Depuis 1960, la politique culture de la Rd-C a été généralement caractérisée par la quête des identités culturelles congolaises, divisée en plusieurs périodes. Le véritable déclenchement fut à l’époque du règne du Maréchal Mobutu, marqué par la création des principales institutions culturelles et l’organisation des événements culturels internationaux. Parmi ces structures, il y a le Théâtre et le Ballet national, l’Institut national des Arts, l’Institut des musées nationaux du Congo, les Editions Lokole, etc, a énuméré le professeur André Yoka Lye, directeur général de l’INA dans un entretien accordé au magazine Impact.

« Certains de ces institutions n’existent plus que de nom », laisse entendre un artiste congolais qui a préféré évoluer loin de sa mère patrie. Son avis est partagé par ceux qui fréquentent particulièrement le siège du Théâtre et Ballet national, logé dans la salle Mongita dans la commune de Kinshasa. Qui connait les derniers spectacles créés par ces structures comme cela fut le cas il y a plus de deux décennies avec des pièces comme « En remontant le Fleuve Congo » ? Cette question vaut son pesant d’or. Le fonctionnement de ces structures est alarmant : sans moyens financiers, bâtiment devenu inapproprié, etc. Pourtant les talents ne manquent pas.

Si, par exemple, hier le théâtre congolais a dominé largement le paysage africain francophone, ce n’est pas le cas aujourd’hui. Les avancées dans ce domaine n’ont pas été préservées. Dommage. Les personnalités telles que Mutombo Buitshi, Mikanza Mobyem, Albert Mongita, Katanga Mupay ont donné au théâtre congolais ses lettres de noblesse. Plusieurs autres ont emprunté ce chemin. Le théâtre rd-congolais a produit un nombre remarquable de créations qui ont tournées en Afrique et en Europe. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ayant pour objet l’encouragement de la production, de la diffusion ou de la consommation de biens et services à caractère culturel ou artistique, la politique culturelle est un élément essentiel pour un pays. Et l’État rd-congolais n’est pas épargné.

Les centres culturels étrangers à la rescousse

Avec au moins la présence des centres culturels étrangers basés en Rd-C, notamment l’Institut Français de Kinshasa, le Centre Wallonie-Bruxelles, et le Goethe Institut, les artistes rd-congolais bénéficient au moins du soutien dans la création et la diffusion de leurs œuvres. Ces structures accompagnent aussi les créateurs congolais et autres professionnels de la culture dans la formation, mieux le renforcement des capacités grâce aux échanges avec des experts. Alors que l’État rd-congolais, censé l’assumer, reste loin de ces préoccupations. La question que l’on se pose est celle de savoir quel sera le sort de la culture congolaise au cas où ces établissements culturels fermeraient ses portes. Avec un budget global consacré à la culture, qui reste très faible (moins de 1% du total du PIB), l’on parlera encore de la culture ?

Ceci mérite d’être revu et réaménagé, recommande la plupart des professionnels de la culture abordés par la rédaction d’Eventsrdc.com. « C’est la culture qui fait du peuple congolais ce qu’il est, qui bâtit son identité. Pour un pays qui sort d’une aussi longue série de conflits armés, la culture doit être vue comme un pilier de l’intégration sociale… Le plus grand enjeu réside dans l’appropriation de ce patrimoine par les Congolais, surtout la jeunesse. Quand cette appropriation sera effective, la culture sera placée au centre de l’organisation de la société et influencera le développement économique », a laissé entendre Abdourahamane Diallo, représentant de l’UNESCO en Rd-C, dans un entretien accordé à nos confrères du magazine Impact. Nous y reviendrons.

PATRICK NZAZI