Les femmes et jeunes filles sourdes sensibilisées sur les violences sexuelles

Pendant que le monde entier célèbre la Journée internationale de la femme, à Kinshasa, le Centre de production des programmes et supports de sensibilisation de sourds -CPPS- ne croise pas les bras en rapport avec sa noble mission notamment briser l’obstacle dans la communication entre sourd et entendant.

Sur ce, il poursuit sa campagne de lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes et jeunes filles sourdes grâce à l’appui de l’ambassade du Canada en Rd-Congo. Première étape de cette phase: les communes de Kimbanseke et N’djili. Lancée, il y a quelques jours dans la Capitale Rd-Congolaise par une formation des animateurs puis la sensibilisation sur le terrain, cette campagne prend le corps dans deux communes de Kinshasa avant de s’étendre certainement avec l’accompagnement de différents partenaires, dans d’autres coins de la Capitale voire en provinces.

Une élève malentendant à Kimbaseke. Ph.Eventsrdc.com
Une élève d’un école de Kimbaseke émettant son opinion sur ce spectacle de théâtre. Ph.Eventsrdc.com

La semaine dernière, le CPPS était sur terrain pour sensibiliser la population. A Kimbanseke, ensuite à N’djili. Une initiative louée par public qui souhaite voir ce projet se poursuivre en vue de marteler sur les questions des violences sexuelles que d’aucuns ignorent jusqu’à présent. « Je suis très ravi parce que ce thème exploité par le CPPS -violences sexuelles- vient au bon moment. Car il est mal compris par certaine population particulièrement les élèves. Après cette pièce de théâtre, je pense que nos enfants ont une autre appréhension sur les questions des violences sexuelles. Même nous les adultes,  on a maintenant une idée générale sur cette matière », déclare un enseignant d’un établissement scolaire situé dans la commune de N’djili.

Il suggère également aux animateurs du Centre de production des programmes et supports de sensibilisations des sourds de demeurer sur cette lancée et d’étendre cette campagne dans d’autres municipalités. Joué par des artistes sourds et entendants, ce spectacle est accessible à toutes les catégories, constate-t-on. Un élément de plus qui ne cesse de retenir l’attention du public partout où le spectacle est présenté. Il est simultanément interprété en langue des signes et en parole. En même temps qu’il divertit, ce spectacle intitulé « Biso pe To boyi » renseigne le public sur les violences sexuelles.

Acteurs et actrices de la compagnie théâtrale Mabin'a maboko. Ph.Eventsrdc.com
Acteurs et actrices de la compagnie théâtrale Mabin’a maboko. Ph.Eventsrdc.com

Pour Doudou Nzio, Coordonnateur adjoint du CPPS et directeur artistique de la compagnie théâtre « Mabin’amaboko », le choix du théâtre se justifie dans le souci de préserver l’attention du public sourd qui, suite à l’analphabétisme de la majorité d’entre eux, retient difficilement certaines notions lorsqu’elles sont présentées de manière classique. C’est-à-dire, sous forme de conférence. Ce spectacle sert, poursuit-t-il, d’outil principal de sensibilisation.

Les objectifs poursuivis à travers cette campagne sont, entre autres: contribuer à la prévention des violences sexuelles faites aux femmes et jeunes filles sourdes et malentendantes à Kinshasa; amener les femmes et les jeunes filles sourdes ainsi que les hommes sourds à identifier un acte de violence sexuelle; inciter les femmes et les jeunes filles sourdes ainsi que les hommes sourds à dénoncer les auteurs de ces actes; informer les sourds de N’djili et Kimbanseke sur les mécanismes de prise en charge des victimes des violences sexuelles; sensibiliser les entendants de N’djili et Kimbanseke contre les violences sexuelles dont sont victimes les femmes et filles sourdes. D’autres représentations sont encore programmées cette semaine avant de boucler cette première série, apprend-on.

PATRICK NZAZI