Littérature : « Le secteur du livre n’est pas totalement épargné de cette grande crise du Covid-19 » (Richard Ali)

Écrivain et auteur rd-congolais, fondateur de l’Association des jeunes écrivains du Congo – AJECO -, CEO de Alibooks.cd, plateforme de vente des livres d’auteurs congolais et étrangers en ligne avec livraison à domicile, également responsable de la bibliothèque à la Délégation Générale Wallonie-Bruxelles de Kinshasa, Richard Ali a pris langue dans un entretien avec l’équipe rédactionnelle d’Eventsrdc.com pour évoquer la vie du secteur littéraire en ce temps de Covid-19 et a par, la suite présenté quelques techniques de lecture que toutes les personnes qui éprouvent le désir de lire peuvent appliquer sans être ennuyé. Entretien.

Comme nous le savons tous, le Covid-19 a rendu plusieurs activités immobiles. Le secteur littéraire semble n’est pas être très touché, car les gens peuvent continuer à lire en ligne et les écrivains de leur côté continuent de travailler sur des projets. Pouvons-nous dire que le livre est épargné de cette crise ?

Non. Le secteur du livre n’est pas totalement épargné de cette grande crise du Covid-19. Quand on parle « livre », il ne faut pas voir que les « auteurs » et les « lecteurs », car les deux ne sont que des chaînons d’une longue chaîne. Il faut donc penser à tous ceux qui travaillent dans la chaîne du livre et là, vous vous rendrez compte que le secteur du livre n’est guère épargné. Je fais ici allusion aux éditeurs (leur programme est totalement chamboulé), les imprimeurs, les distributeurs (libraires, bouquinistes), les diffuseurs, les infographistes (maquettistes), les imprimeurs, etc. Voyez-vous ? Leurs activités sont totalement paralysées en ce moment avec des manques à gagner impossible à imaginer.

Le secteur du livre est donc frappé de plein fouet comme tous les autres secteurs. Ce qui fait qu’au moment où d’autres souffrent pendant cette crise, je trouve difficile de célébrer la quiétude, si quiétude il y en a, des deux éléments de la chaîne et ce, compte tenu de la formulation de votre question.

Les rd-congolais sont souvent qualifiés des êtres qui n’aiment pas la lecture. Pensez-vous que ce confinement change progressivement leurs habitudes envers le livre ?

A moins que vous m’en apportiez des preuves sur ce que vous avancez… s’il ne s’agit que des allégations gratuites comme nous en avons l’habitude de nous le dire à tort et de manière injurieuse. J’estime qu’il ne vaut même pas la peine de s’y attarder. Les congolais lisent et ils lisent beaucoup ! Voilà !

Depuis un certain temps, nous assistons à un challenge sur Facebook lancé par l’écrivain rd-congolais Tata N’Longi intitulé « Deux minutes de lecture » au cours duquel une personne se donne à la lecture d’un ouvrage de son choix. Selon vous, qu’est-ce que ce challenge peut-il apporter à l’humain ?

Déjà faudrait commencer à jeter des fleurs à notre compatriote et confrère Tata N’longi pour cette belle initiative du challenge « #DeuxMinutesdeLecture » qui a permis d’occuper utilement le temps en cette période de confinement, puis encourager tous ceux qui ont participé à cette belle aventure tout en félicitant le lauréat, Jocelyn Danga, qui avait fait une lecture magistrale et caustique d’un extrait de notre roman en lingala « Ebamba, Kinshasa-Makambo » publié aux éditions Mabiki.

Il s’agissait d’un challenge avec comme but de déstresser, divertir et déconfiner le mental ou l’esprit (je le dis comme ça en essayant d’entrer dans le cerveau de celui qui l’a lancé, lol !) ; et ce fut un pari réussi et ce, en terme de participants et de tout ce que cela a pu apporter ! Vivement, nous attendons la deuxième édition qui ne saurait tarder !

Il faudrait aussi signaler d’autres challenges intéressant qui se tiennent en ce moment : #Masopraderachallenge de notre confrère Kevin Ibongya, et qui consiste à produire des textes à partant d’une image que propose l’initiateur, #Poster le cover d’un livre chaque jour pendant dix jours, etc.  Voilà tant d’initiatives qui amusent, mais jouent un rôle essentiel en ce temps de crise. La lecture, c’est la nourriture de l’esprit ! L’esprit qui ne lit pas, meurt !

En quelques mots, quels sont les avantages de lire pendant ce confinement ?

Je viens de le dire, « La lecture nourrit l’esprit ! ». Celui qui lit ne peut se sentir confiné. La lecture fait marcher, danser, courir, sauter, rire, pleurer, réfléchir, divaguer… voyager le lecteur !

À ce jour, quels sont les ingrédients ou les conseils qui peuvent inciter l’humain à la lecture fréquente sans être ennuyé ?

Il faut déjà commencer par lecture. Celui qui lit, ne s’ennui pas. Puisque l’appétit vient en mangeant, tout ce que vous avez à faire c’est de commencer par lire 5 pages aujourd’hui, 15 demain, 19 après-demain, 65 le surlendemain, 150 en une semaine, 280 en deux semaines, puis, vous verrez, ça viendra simplement, vous ferez un jour 200 pages en 1 jour ! A moins que vous tombiez sur un livre ennuyant, sinon, comme je l’ai dit, celui qui lit a du mal à s’ennuyer !

Certains scientifiques estiment que la lecture est le socle du développement d’une entité. Pensez-vous que cette thèse demeurera effective jusqu’en 2050 avec la montée du divertissement dans le quotidien de l’humain, surtout avec l’internet ?

Jusqu’en 2050 ??? Non, désolé, je ne le pense pas ! Je suis plutôt convaincu qu’elle le demeurera à vie ! Ad aeternam, disent les latinistes ! Seko na seko, pour nous les lingalophiles !

Tout est écrit, tout est lu. Comment définissez-vous l’écriture, la littérature et la lecture à l’heure du sms et des réseaux sociaux ?

SMS ou Réseaux sociaux, je ne le dirai jamais assez, ne sont que des supports, des canaux. Un texte littéraire peut bien passer par ces canaux, et d’ailleurs ça marche de plus en plus bien à l’heure actuelle ! Les Réseaux sociaux sont présentement des options que nous ne saurions jamais éviter. Vouloir ou pas, nous sommes appelés à faire avec ! Il faut juste s’adapter !

TRESOR TSHINKUNKU