Martin Bakole, l’autopsie d’un boxeur maître-chanteur !

Après sa victoire le 13 mai 2022 à Paris face au champion olympique 2016, Tony Yoka, Martin Bakole (18-1-0), désormais dans le Top 10 du classement mondial des 4 fédérations majeures (WBC, WBO, IBO, IBF) selon le très réputé BoxRec, est resté bruyant, car il ambitionne désormais un titre suprême dans sa catégorie hormis sa ceinture actuelle de champion intercontinental Poids Lourds légers WBC qui fait de lui n°2 de la fédération juste après The Gypsy King. Mais pour y arriver, il lui faut de la discipline, une bonne hygiène de vie et de la compétitivité.

Dans un passé récent, il avait subodoré de chausser ses gants pour défier une nouvelle fois un vieil adversaire qu’il connaît très bien à savoir l’américain Michael Hunter « Bounty » (20-1-2), son bourreau du 13 octobre 2018 à Londres qui malgré la fatigue des 9 premiers rounds, ne s’était pas retenu pour lui  casser l’omoplate droite avant de lui infliger un TKO par décision de l’arbitre.

Michaël Hunter. Ph. Dr Tiers

Si jusque-là, le combat n’est pas encore confirmé, Billy Nelson l’entraîneur du champion intercontinental Martin Bakole avait laissé entendre sur Sky Sports en décembre 2022 :  « We’d gladly fight him in March if Josh Taylor is fighting Jack Catterall, no problem about it », traduit « Nous serions ravis de le combattre en mars si Josh Taylor combat Jack Catterall, pas de problème à ce sujet ».

Considérant le fait que la probable revanche du mois de mars prochain était assortie d’une obligation conditionnelle, il aurait été prudent pour le tombeur de Yoka de ne pas mettre la charrue avant le bœuf aussi longtemps que Josh Taylor vs Jack Catterall ne serait pas encore concluant. Dans ce cas de figure, l’équipe de Bounty n’aurait pas hésité à donner son accord de principe quand on sait qu’elle a eu du mal à digérer le nul de Michael par décision partagée du jury face à Jerry Forrest, le 2 décembre 2021. Il était juste question de régler quelques détails tout en cédant à certains caprices.

Comment un athlète du niveau de Martin Bakole, ancien sparring partner du numéro 1 mondial Tyson Fury, champion du monde des poids lourds WBC, pourrait-il précipiter les choses de cette manière ? Rappelons-nous du feuilleton Yoka-Bakole peu avant la rencontre de mai 2022, pendant la pandémie du covid19, le boxeur français avait reçu une proposition de l’IBF pour un combat face au croate Filip Hrgovic afin de prétendre au championnat IBF des lourds.

En effet, ce combat était annulé à la requête de Bakole qui a fait valoir l’engagement de Yoka après leur combat précédemment reporté en janvier 2021.

Relayé par RMC, il avait estimé que : « Ce n’était pas respectueux. Il [Yoka] a dit oui pour un autre combat, alors qu’il avait toujours un contrat avec moi. Il ne m’a jamais contacté pour négocier. Il n’a jamais appelé mon équipe. Nous n’avons jamais compris pourquoi il avait accepté un autre combat ».

Et si Michael Hunter lui rappelait à son tour qu’il n’était pas sérieux en faisant chanter le gouvernement de son pays pour un combat qui n’avait pas été finalisé ? Étant bien positionné sur le classement mondial, peut-il constamment être pris en charge par le gouvernement congolais ? Ses différents combats à l’international sont-ils négociés par la fédération congolaise de boxe ? 

Dans le même sens, il faut noter avec Jérôme Abiteboul, le promoteur de Tony Yoka pour RingStar “organiser un tel combat, c’est trois gros mois de travail… si on part d’une feuille blanche où l’adversaire, la ville et la salle ne sont pas encore connu…”

Le plus important pour un promoteur d’un athlète est de : 1. trouver la salle : elle doit être attrayante et au cœur du projet de l’athlète en vue de booster sa carrière ; 2. développer des stratégies pour remplir la salle : ici il faut songer à réunir aussi bien le public qui a connu l’athlète que celui qui apprend à le connaître ; 3. trouver un adversaire : sur un classement de 1300 poids lourds professionnels en activité dans le monde suivant le référencement de BoxRec, il faut rechercher un profil accrocheur, gabarit, un positionnement en enlevant les moins performants et pointer le meilleur profil que celui de l’athlète. Le but poursuivi est de dénicher le profil d’un adversaire qui va faire progresser l’athlète dans son parcours.

À noter tout de même que le ministre rd-congolais des sports et loisirs Serge Nkonde, le comité olympique congolais, la fédération nationale de boxe ou la fédération professionnelle de boxe n’interviennent pas dans le choix à opérer.

Après que la liste ait été validée, l’athlète dispose quand-même d’un droit de véto. Si ce véto est positif, le promoteur contacte un matchmaker, un organisateur de combat à l’étranger devant contacter directement l’adversaire élu. Une fois un accord de principe donné, il sera question de passer à la négociation contractuelle et ensuite aux dispositions particulières liées au cachet.

Bakole, le jour où il a reçu les 100.000 USD comme soutien du gouvernement rd-congolais. Ph. MinSports

Soulignons ici qu’un combat de boxe anglaise dans la catégorie professionnelle ne s’improvise pas! Si Martin Bakole aurait péché par l’amateurisme et surtout, par une envie pressante de se faire de l’argent sur le dos du pauvre contribuable rd-congolais dans un pays où la politique sportive est inexistante, le bon sens voudrait qu’il s’excuse publiquement et restitue les 100.000 USD lui donnés par le gouvernement pour la préparation d’un combat qui n’a jamais été négocié. Et même Hunter depuis les États-Unis d’Amérique n’arrête pas de se moquer de lui sur la toile.

À 29 ans, il a encore 10 ans d’activité professionnelle avec presque 13 combats devant lui et donc, il a tout intérêt à s’organiser en s’entourant avec une équipe des professionnels capables de l’aider à progresser dans cette carrière pro et ce, loin de la politique politicienne  locale. Ne s’improvise pas Oscar de la Hoya qui veut !

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