Radios communautaires en RDC : entre défis et engagement contre la désinformation en temps de crise sécuritaire

Alors que la République démocratique du Congo fait face à une agression dans sa région Est, orchestrée par le Rwanda et le mouvement M23, la désinformation se propage massivement, notamment sur les réseaux sociaux. Malgré les efforts du ministère de la Communication et des Médias – à travers des briefings hebdomadaires et des campagnes de sensibilisation – l’infox continue d’envahir l’espace médiatique.

Ce contexte représente un défi majeur pour l’ensemble des médias, en particulier pour les radios communautaires qui jouent un rôle vital dans l’accès à l’information des communautés rurales, souvent isolées. Il est donc crucial d’analyser leur rôle dans la lutte contre la désinformation et les stratégies qu’elles mettent en œuvre pour informer avec rigueur.

Faustin Linyekula, journaliste à la radio-télévision Eben Ezer à Kisangani (Tshopo), insiste sur la nécessité de se référer exclusivement aux sources officielles pour garantir la fiabilité de l’information. Il souligne que les briefings du gouvernement permettent aux auditeurs de recevoir des informations vérifiées sur la situation sécuritaire dans l’Est de la Rd-Congo.

« Nous évitons les commentaires sur la situation. Nous organisons des débats entre politiques et acteurs de la société civile, mais nous nous en tenons à des sources fiables, principalement les autorités locales », précise-t-il.

Pour lui, cette forme d’auto-censure constitue une stratégie efficace pour éviter les pièges de la manipulation médiatique.

Cependant, ces bonnes pratiques se heurtent à des obstacles concrets, notamment la faiblesse de la connexion internet, qui limite l’accès à l’information en temps réel, pourtant essentielle pour une couverture fiable des événements. Les radios communautaires évoluent ainsi dans un environnement où l’accès rapide à l’information reste un défi constant.

Une dépendance financière risquée aux organismes internationaux

Au-delà des enjeux liés à l’information, les radios communautaires sont confrontées à une crise de financement. Beaucoup dépendent d’organismes internationaux, une situation qui affecte leur indépendance éditoriale. Bosco Yamba, de la Radio Télévision Soleil à Tshikapa, déplore cette précarité : « En cette période de crise, de nombreux bailleurs se retirent, craignant que nous informions la population sur certains faits », affirme-t-il.

Cette dépendance expose les médias à des pressions extérieures sur leur ligne éditoriale. Bien que son équipe s’efforce de rester professionnelle, Yamba reconnaît que les directives imposées par certains bailleurs peuvent nuire à la crédibilité du média.

Pour sortir de cette dépendance, certaines radios comme la Radio Télévision Soleil explorent des alternatives locales : partenariats avec des acteurs économiques, projets agricoles, ou activités génératrices de revenus. « Ce n’est pas facile face aux gros financements que proposent les partenaires internationaux. Mais nous devons diversifier nos revenus pour survivre », conclut-il.

Malgré les obstacles, les radios communautaires en Rd-Congo continuent de jouer un rôle essentiel dans la lutte contre la désinformation. Leur engagement en faveur d’une information crédible et leur capacité à s’adapter aux défis témoignent de leur importance dans un paysage médiatique sous pression.

GLODY NDAYA