RDC – Tech : « Hoja», la plateforme numérique qui vient révolutionner le secteur du transport

Les applications « Hoja » ont été lancées officiellement le mardi 11 novembre 2020, à Kinshasa. Cette solution numérique se veut être une révolution dans le secteur du transport dans la capitale rd-congolaise. De quoi s’agit-il exactement ? Comment fonctionne-t-elle ?

 

À travers cette interview questions-réponses avec notre rédaction Eventsrdc.com, l’entreprise portant le même nom que ses applications, a par l’entremise de sa présidente Ursula Ndombele et de sa vice-présidente Magali Bueyasadila, étalé à long et en large les différentes fonctionnalités et les avantages de leur plateforme dans le secteur du transport. « Ce n’est pas seulement une application, mais un système qui vient assainir le secteur de transport dans la ville de Kinshasa », a dit la présidente de cette entreprise. Entretien.

Ursula Ndombele (Présidente) et Magali Bueyasadila (Vice-présidente) de Hoja. Ph. Hoja

 

Le mardi 11 novembre 2020 vous avez lancé officiellement votre entreprise qui porte également le nom que son application. Pouvez-vous nous en parler brièvement ?

L’idée avec Hoja est d’aider la population kinoise à avoir un service de transport assaini, sécurisé, fiabilisé et accessible à tous. Et pour cela, il fallait avoir un partenariat avec l’autorité compétente, dans notre cas c’était l’hôtel de ville de Kinshasa ou le gouvernement provincial. C’est pour cela que nous avons tout mis en place depuis trois ans pour proposer une solution simple et efficace. C’est de là qu’est né Hoja.

 

Que veut dire Hoja ?

À la base, Hoja n’est pas seulement destinée à Kinshasa, mais plutôt à s’exporter dans le monde. Donc, il fallait un nom qui soit standard, mais aussi avec une connotation congolaise. Nous nous sommes donc inspirées du swahili bora du mot qui s’écrit de la même manière « Hoja » qui veut dire se déplacer. « Hoja » en espagnol, avec une autre prononciation, veut dire feuille, sérénité, légèreté…

Donc, l’idée est d’avoir un nom qui ne fait pas oublier notre appartenance congolaise, mais qui peut aussi être utilisé ailleurs.

 

Comment vos applications marchent-elles ?

La solution Hoja comprend plusieurs applications. Hoja vise à fiabiliser toute la chaine de transport en commençant par le propriétaire en lui offrant une plateforme qui lui permet de gérer sa flotte des véhicules et des chauffeurs. En passant par le chauffeur, en lui donnant un bouton panique pour pouvoir lancer l’alerte en cas de problème. Et enfin, nous sécurisons l’usager avec ses biens. Nous avons donc d’un côté une application pour les propriétaires, la gestion des véhicules et des chauffeurs qui est « Hoja-GPS » et de l’autre, l’application pour les usagers qui s’appelle « Hoja-Taxis ». Ces applications sont déjà en ligne sur PlayStore et peuvent être gratuitement téléchargées.

Tout commence par une base de données afin d’avoir assez d’éléments et d’informations sur les véhicules, leurs propriétaires, ainsi que les chauffeurs associés à ces véhicules. Une fois, un propriétaire s’enregistre, lui, ses véhicules et ses chauffeurs dans cette base de données. Celle-ci est utilisée pour fournir à l’utilisateur final qui est l’usager, des informations qui lui permettront de décider de la fiabilité d’un taxi avant d’y prendre place.

L’application Hoja sur Google PlayStore. Ph.Dr.Tiers

 

Une fois que l’usager a téléchargé son application « Hoja-Taxis », il crée son compte qui lui donne la possibilité de scanner ou de taper manuellement le code d’accès d’un véhicule, car, il sera généré à chaque fois qu’il y aura des nouveaux enregistrements des véhicules. Notre système génère des codes uniques associés à ces véhicules-là. Ce sont ces codes uniques qui seront affichés sur tous les taxis de Kinshasa. Chaque taxi aura son code unique.

L’usager devra donc avant de prendre place à bord d’un taxi, scanner le QR code ou l’entrer manuellement à travers son téléphone. Une fois fait, l’usager recevra des informations en une seconde. L’application va lui sortir la photo du chauffeur et la photo du véhicule. Et ce sera à l’usager de vérifier la concordance des informations fournies par l’application, avec celle qu’il a en face de lui. Il aura ensuite, la possibilité de confirmer qu’il est monté dans le taxi ou s’il en a choisi un autre. Il peut également signaler au cas où il n’y a pas des concordances entre les informations données par l’application et ce qu’il voit. Une fois qu’il clique sur le bouton « signaler un problème », notre central est avisé, ainsi que le propriétaire du véhicule.

Les taxis jaunes à Kinshasa. Ph. Zoom-eco

 

Après le processus d’enregistrement des véhicules, nous avons prévu d’ajouter un peu plus de sécurité au système dans la balise GPS. Elle est utile non seulement pour le propriétaire, mais aussi pour les usagers. La balise GPS est installée au cœur du système du véhicule et elle permet en cas de problème d’immobiliser ce véhicule à distance. Après enquêtes, le véhicule peut être réactivé toujours à distance. Avec la balise GPS, le propriétaire aura la possibilité de gérer sa flotte des taxis et chauffeurs en accédant à leurs trajectoires ou leurs parcours.

Il serait bien que tous les propriétaires se dotent de l’application « Hoja-GPS » et qu’ils fassent enregistrer leurs voitures pour pouvoir suivre et détecter des trajectoires suspectes et éviter de faire voler leurs véhicules.

 

Dans quel système d’exploitation mobile peut-on retrouver vos différentes applications ?

Pour l’instant, nous ne sommes que sur Android, mais nous sommes en train de voir dans quelle mesure intégrer les mêmes applications dans d’autres systèmes.

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Dans un pays où le taux de pénétration d’internet est inférieur à 10%, quelles sont les stratégies mises en place pour que plusieurs personnes puissent facilement accéder aux différentes applications et être en contact permanent avec votre central ?

C’est la première question que nous nous sommes posées lorsque nous avions eu l’idée de « Hoja ». Il y a deux choses. Premièrement, le taux de pénétration à internet et aussi le nombre de personnes qui ont un Smartphone. Pour les personnes qui n’ont pas un Smartphone, nous avons mis en place un numéro court qui permettra aux usagers, en envoyant par SMS le numéro du taxi qui le prend et de recevoir des informations par la même voie. Pour ceux qui ont un Smartphone, mais pas de data, nous avons mis en place un forfait USSD, un peu comme ce qu’avait fait Facebook à son arrivée en Afrique, il y a quelques années. C’est un forfait dédié chez Orange RDC pour un coup dérisoire pour permettre aux usagers de continuer à checker leurs taxis, même s’ils n’ont pas de data.

 

À quand une forte communication pour que toutes vos cibles soient au courant de cette nouveauté ?

Nous avons prévu une communication simultanée dans la partie propriétaire et la partie usager. Le message au propriétaire est de leurs dire « protège tes biens, ton chauffeur et utilise la globalité de l’application Hoja ». Pour la partie usager, la communication est simple « avant de monter dans un taxi, check le pour éviter tout problème. C’est qui va être intéressant c’est que nous allons d’abord commencer par pousser les propriétaires. Parce que sans leur identification, nous serons incapables de permettre aux usagers de checker leur taxi et ensuite, très vite, pouvoir intensifier la campagne sur les usagers. La campagne débutera ce mois-ci. Elle se fera en accord avec l’autorité compétente. Mais elle se fait surtout en suivant un plan bien défini.

De gauche à droite, Déo Nkusu (ministre rd-congolais), Gentiny Ngobila (gouverneur de Kinshasa), Magali (VP de Hoja), Ursula (Présidente de Hoja), Ministre de transport de Kinshasa, Ambassadeur de France en RDC et le Country Manager. Ph. Hoja

 

L’identification des taxis est-elle gratuite ou payante ?

Elle est payante. Le propriétaire de taxi a un gain lorsqu’il met son taxi en circulation. Pour le prix, il faut plus se référer à l’autorité compétente qu’à « Hoja ».

 

C’est au niveau de l’identification qu’ « Hoja » et la ville gagneront ?

Bien qu’il y ait un gain, puisque nous sommes une entreprise, notre mission principale est de sécuriser le transport et aussi créer des emplois. Et pour ça, il faut faire du profit. On ne veut pas charger les usagers parce que c’est le devoir de l’autorité de les protéger. La preuve est que le premier mois l’application est téléchargeable gratuitement. Par contre, les propriétaires se sont des entrepreneurs, donc c’est tout à fait normal pour eux de payer l’identification, une seule fois.

 

Après Kinshasa, quelles sont les autres villes que vous visez en RDC ?

Lors de notre rencontre avec le président de la République, Félix Tshisekedi, à Paris, nous avons émis le vœu de commencer à Kinshasa. La prochaine étape sera la commune de Cocody en Côte d’Ivoire. Ensuite, nous irons à Dakar au Sénégal. Mais s’il y a une autre opportunité des villes comme Lubumbashi, Matadi qui s’ouvre à nous, nous irons très vite.

 

Combien de dollars avez-vous investi dans cette aventure ?

Nous avons beaucoup investi. Nous avons eu des subventions et des prix d’honneur grâce à des concours que nous avons pu gagner en France. Là, nous faisons appel à des banques, des fonds d’investissement ici au Congo ou en Afrique pour qu’ils investissent à Hoja. Parce que pour l’instant, tous nos fonds proviennent de la France.

 

En dehors de la traçabilité et de la sécurité, quels sont les avantages qu’offrent vos différentes applications ?

Sur l’application propriétaire, le principal message est la traçabilité. Pour l’Etat congolais, l’important est d’avoir un système de transport totalement fiabilisé.

Au futur, cela pourra aussi permettre d’avoir la bonne information au niveau des propriétaires dans le domaine de transport. L’autre avantage qu’offre Hoja est la base de données totalement fiable qui peut faciliter les enquêtes. Ce n’est pas seulement une application, mais aussi un système qui vient d’assainir le secteur de transport dans la ville de Kinshasa.

 

Qu’est-ce que « Hoja Family » ?

Ce sont toutes les personnes qui ont contribué au succès de Hoja. Nous avons deux associés qui sont français et n’ont rien à voir avec la RDC, mais qui ont totalement adhéré au projet. Nous avons aussi une belle équipe ici en RDC et également des prestataires que nous avons intégrés à cette Hoja Family. D’autres sont au Kenya et en France.

C’est donc cette grande famille que nous appelons Hoja Familly. De fois, nous y intégrons aussi nos partenaires.

 

Où se trouvent vos bureaux ici à Kinshasa ?

A Kinshasa, nos bureaux se situent sur l’avenue Colonel Mondjiba dans la concession Suzanne juste à côté de l’école Aurore. Simplement, parce que nous voulons être près de nos installations GPS.

 

Aujourd’hui, le numérique offre plusieurs solutions. Ne craignez-vous pas avoir des concurrents congolais ou étrangers avec les mêmes solutions informatiques dans un avenir proche ?

Craindre la concurrence, c’était une façon traditionnelle de voir les choses. Parce que nos aînés ne comprenaient pas la grandeur du marché, ni même les différentes permutations technologiques possibles. Notre marché aujourd’hui n’est pas seulement Kinshasa, mais tout le monde qui a accès à Google Playstore et qui peut télécharger nos applications.

C’est-à-dire nous avons accès à des milliers de personnes à travers le monde. Donc, craindre la concurrence serait une vision assez réduite pour nous jeunes et entrepreneurs. La concurrence existe et stimule. D’où, il faut la prendre positivement et savoir comment s’adapter. Avant nous disions que le monde appartenait à ceux qui se levaient tôt, mais aujourd’hui, le monde appartient à ceux qui savent s’adapter au changement. Donc, le marché est ouvert et les possibilités sont infinies. Tout le monde a sa place dans ce qu’il fait. Il suffit juste de s’imposer et marquer la différence.

Le code QR des taxis à Kinshasa via la solution Hoja. Ph. Ouragan FM

 

En RDC, la langue française est officielle, mais le lingala est dominant surtout à Kinshasa. N’y-aurait-il pas des problèmes liés à l’alphabétisation et à l’éducation avec vos applications ?

Nous y avons déjà pensé et nous avons commencé à proposer la traduction dans toutes nos applications. La version en lingala sera disponible très prochainement. Mais, déjà le français qui est utilisé dans l’application est assez accessible. Nous avons déjà introduit le lingala dans une partie de la solution. Il ne reste que la partie traduction. Bien que nous soyons congolais, nous avons également une âme en France. Donc, nous sommes des franco-congolais.

Ce qui est sûr, c’est que nos applications prennent en compte ce problème d’alphabétisation, surtout pour l’application usager.

 

Y-a-t-il un message particulier que vous adresserez aux propriétaires de véhicules, aux usagers ainsi qu’aux chauffeurs ?

« Hoja » est une solution pour tous les propriétaires de véhicules de connaître la traçabilité de leurs véhicules durant la journée durant. « Hoja » met également les chauffeurs et les usagers en protection.

CINARDO KIVUILA