Une loi sur les produits éclaircissants contribuera à la lutte contre le réchauffement climatique   

À la Cour constitutionnelle, comme dans différentes institutions publiques, la tryptique  » femme, ordures ménagères et réchauffement climatique » a été au centre de tous les débats durant le mois de mars consacré à la Femme. 

Hélas, même Mme Eve Bazaïba Masudi, Vice-première ministre et ministre de l’Environnement et du Développement durable, a, dans son spot publicitaire sur la gestion des ordures ménagères, fait impasse sur cette ordure particulière qui fait tant des  dégâts non seulement sur la nature mais surtout et directement dans l’humain, singulièrement chez la femme: les produits cosmétiques éclaircissants dont les récipients se retrouvent, pour un grand nombre, dans des caniveaux, collecteurs et rivières de la capitale rdcongolaise. Aucun cours d’eau  n’est épargné, même pas N’djili d’où la REGIDESO SA approvisionne un large pan de Kinshasa en eau pas toujours potable. Dans la capitale, en dépit de la création des sociétés de recyclage des bouteuilles en plastique en partenariat avec l’Hôtel de vile, la gestion des récipients en plastique des produits cosmétiques reste un défi pour les autorités urbaines. 

Par ailleurs, les industriels locaux de Tshoko ( produits éclaircissants, dans le parler kinois), qui sont en réalité des expatriés, indopakistanais, n’en font qu’à leur tête. La petite rivière qui baigne, de bout en bout,  la commune de Limete, du côté industriel, varie fréquemment de couleur, tantôt elle est verte, tantôt elle passe au noir puis rose, etc., Plus de trace de poisson  ni de têtard! Il ne faut pas nécessaire être expert de Green Peace ou de l’ONU-Environnement  pour comprendre que des industries essentiellement  cosmétiques y déversent des rejets chimiques dont nulle autorité ne s’en soucie, ni le bourgmestre de Limete, ni les ministres en charge de l’Industrie et de l’Environnement , au niveau local (gouvernement Gentiny Ngobila) ou au niveau central. Au contraire, l’Etat tire profit du marché des produits  cosmétiques à base de l’hydroquinone, du clobérasol, des dérivés du mercure, de l’acide kojique et du glutathion,  susceptibles de provoquer des réactions allergiques et causer des cancers sur le long terme.  Pour l’exercice 2022, la DGDA table, en effet, au bas mot, sur 3,8 millions de dollars des recettes de droits d’accises sur des produits cosmétiques fabriqués localement,  et  au moins 5.675.600 dollars  sur des « Tshoko » importés. En 2020, en pleine épidémie mondiale de covid-19, la DGDA avait même largement dépassé ses assignations sur les produits éclaircissants importés à près de 160%!  

A contrario, l’Etat ne dispose pas des statistiques sur les dépenses liées aux soins de santé inhérents aux effets néfastes des produiots éclaircissants, même dans la capitale.  Sous d’autres cieux, notamment au Rwanda voisin ou encore en Afrique de l’Ouest, des Etats prennent , à la queue leu leu, des lois plus restrictives sur le commerce et la consommation des produits éclaircissants. En Gambie, depuis 1996, une loi votée au Parlement interdit l’importation de produits éclaircissants et punit les importateurs d’une amende d’au moins 400 dollars et les utilisateurs de ces produits de 100 dollars d’amende. Le 21 mars 2021, en plein mois consacrant à la Femme,  le Parlement gambien a derechef reconduit la même loi en insistant sur le régime des sanctions, en dépit du lobbying de certains parlementaires sans doute stipendiés par des importateurts et des fabricants « clandestins » des produits éclaircissants.  En RDC par contre, c’est lé régime du père Goriot. Même le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) affiche une certaine complaisance sur « le matraquage publicitaire » des produits éclaircissants. 

NADINE KINGOMBE MWAYUMA LEVI