Une touche de modernité sur le fleuve

La Révolution de la modernité, longtemps considérée par certains comme un slogan ressassé par le régime Kabila, est en train de prendre corps, chaque jour davantage. De grandes infrastructures routières et autres, … le parc agroalimentaire de Bukanga Lonzo, … la rénovation du bateau ITB Kokolo et tout récemment la pose de la première prière du Marché internationale de Kinshasa à Maluku.

Tout cela est sans doute la résultante d’un programme réfléchi susceptible de booster le développement des Congolais, entre autres via l’agriculture. Mais focalisons-nous un peu sur la remise en service de l’ITB Kokolo qui fait la liaison entre Kinshasa et la Province Orientale en passant par l’ex-Equateur. Avec celui-ci, les Congolais peuvent se permettre des randonnées romantiques à l’européenne. Mais bien plus important, la reprise des activités de ce bateau de la SCTP aura sans doute un impact sur l’amélioration des conditions de vie notamment des populations rurales.

A vrai dire, ce retour, 20 ans après, de l’ITB Kokolo se présente déjà comme un des éléments détonateurs du développement du monde rural. Ce bateau, qui a jeté l’ancre depuis 1996, vient d’être retapé à neuf et remis à flot. Aujourd’hui, il n’a absolument rien à avoir avec les embarcations bombées de monde qui remontent (ou descendent) le fleuve Congo, juste à la lisière du chavirement. ITB Kokolo change carrément l’image du voyage par voie fluviale. Avec des moteurs révisés d’une capacité de 695 chevaux chacun, le navire est doté de deux suites familiales et plus de cinquante chambres de luxe avec connexion aux chaines de télévision câblées et deux chambres froides pour la conservation des vivres frais, produits de pêche et de chasse. Il a une capacité de transporter 422 passagers sans compter l’équipage. Et il peut arrimer quatre barges dont deux pour voyageurs et deux autres pour cargos pour une capacité totale de 1.586 tonnes de marchandises. Selon des experts, ce tonnage équivaut à 40 wagons de chemin de fer de 40 tonnes, soit près de 4 rames de train ou encore 53 camions remorquent de 30 tonnes. Pour son voyage inaugural, l’ITB Kokolo a quitté, le mercredi 6 mai 2015, le port de l’ex-Onatra, de Kisangani en Province Orientale, avec à son bord environ 800 tonnes de marchandises manufacturées tant recherchées par la population rurale. Une preuve qu’il est bien de retour!

Le bateau rd-congolais ITB Kokolo. Ph.JP Bowule
Le bateau rd-congolais ITB Kokolo. Ph.JP Bowule

Si l’on se penche sur ces chiffres, l’on voit que ce navire n’est pas seulement un fleuron de la navigation fluviale congolaise. Il est plus que ça. Bien gérée, cette embarcation donnera un coup de pouce au développement du monde rural. Il facilitera l’évacuation des produits agricoles des zones de production du Nord de la RD Congo (notamment l’ex Province Orientale et celle de l’Equateur) vers le grand centre de consommation et de transformation, Kinshasa la capitale. Concrètement, la reprise du trafic sur le fleuve d’un bateau d’une telle envergure permettra aux producteurs agricoles, petits et grands, de transporter vers Kinshasa des marchandises animales, halieutiques et végétales fraiches. Inversement, les commerçants pourront approvisionner les populations de ces régions riveraines du fleuve des produits manufacturés provenant de la capitale. Suite au manque d’une embarcation moderne de type ITB Kokolo, les populations riveraines avaient pris l’option de vendre leurs produits en face, c’est-à-dire à la République sœur du Congo Brazzaville. Ce qui ne sera plus le cas avec la remise à flot de l’ITB Kokolo.

Mais pour que ce dernier arrive à jouer ce rôle de plaque tournante dans les échanges entre le Nord de la RD Congo et Kinshasa de façon efficiente, il y a des préalables auxquelles il faut impérativement répondre. Si l’on se fie à un expert en navigation interviewé par un site congolais d’informations en ligne, le balisage est le premier défi dans le cadre de la navigation. Parce que la RD Congo a été certes dotée des routes naturellement navigables, mais il faut nécessairement que la Régie de voie fluviale (RVF) fasse la signalisation afin que les bateaux sachent où se trouve le cours d’eau qui a le plus d’eau. Cela permettra une circulation aisée et continue, nuit et jour, sur le fleuve Congo.

Le deuxième défi est celui de l’’aménagement des plateformes portuaires et pourquoi pas des entrepôts. En d’autres termes, il faut construire des quais d’accostage pour accueillir les passagers, les commerçants et leurs marchandises. Ces quais d’accostage auraient le mérite premièrement de donner de l’emploi aux populations rurales concernées. Ce, étant donné que la SCTP embaucherait du personnel là où elle jetterait ses quais donc de l’emploi sûr pour les populations rurales. Ces infrastructures offriraient aux paysans un espace propice à l’écoulement de marchandises produites localement.

En outre, la remise en service prochaine du bateau MB Gungu dont les travaux de réhabilitation se font à Chanimetal, viendra donner encore plus de tonus au trafic sur le fleuve Congo et la rivière Kasaï, et par conséquent au secteur agricole et rural.

HUGO MABIALA BONDO