Après Genval, Dadou Moano se confie à Eventsrdc.com

Rd-congolais de la diaspora, vivant en France, écrivain, passionné du savoir et de la construction de l’avenir, Dadou Moano passe en revue l’actualité politique en République Démocratique du Congo et justifie sa participation au conclave de Genval à Bruxelles, tenu du 7 au 9 juin 2016. A travers cet entretien, il nous a révélé ces accointances avec le G7 –plateforme politique soutenant la candidature de Moïse Katumbi.  « J’ai un penchant assez prononcé pour les innovations économiques, techniques et sociales, ainsi que du numérique que je considère comme un secteur porteur et d’avenir », a déclaré Dadou Moano.

Quelle lecture faites-vous de la situation sécuritaire actuelle en RDC ?

La situation sécuritaire actuelle est plus qu’alarmante, la RDC est un véritable chambard. Le drame humanitaire révélé par les organismes internationaux, et la société civile en disent très long à ce sujet. Des millions des morts, des milliers des déplacés, des viols systématiques sur des femmes, filles et fillettes.

Nous constatons qu’au Nord-Kivu la situation reste volatile, l’essaimage des groupes armés (FDLR, la LRA, les ADF-NALU, et plusieurs autres milices) est un incubateur de l’insécurité. Nous constatons que le gouvernement n‘affiche pas une attitude évocatrice du retour définitif de la paix.

A Béni, les tueries du type moyenâgeux ont ébranlées l’ensemble du pays,  dans l’ex- Katanga, la situation sécuritaire  demeure préoccupante au Nord, en particulier dans le triangle Pweto-Manono-Mitwaba, dit triangle de la mort.

En définitive, l’insécurité totale restera un échec de 15 ans de gestion du Président Kabila et de son gouvernement.

Partagez-vous l’opinion selon laquelle la MONUSCO doit plier bagages, car, l’insécurité persiste à l’Est de la RDC ?

J’ai toujours dit que  la mission des Nations Unies en RDC est comparable aux attelles sur un membre du corps atteint par un choc violent.

La République Démocratique du Congo a connu plusieurs guerres et elle demeure dans une fragilité permanente à cause de l’insécurité que j’ai évoquée ci-haut. Les Nations Unies à travers sa mission en RDC a joué un rôle très important selon l’évolution du pays. Elle a été à son arrivée une force d’observation, puis une force d’interposition, ensuite une force d’imposition de paix, et à ce jour une force de stabilisation de paix.

Le changement de mandat de la force onusienne démontre clairement que la RDC n’est pas prête à assumer de manière efficiente une sécurisation intégrale de l’ensemble du territoire.

Les forces des Nations Unies ont aussi jouées un rôle prépondérant en termes d’aide logistique sur les deux élections qu’a connu la RDC après plus de 45 ans.

Nous devons laisser aux Nations Unies d’estimer et juger de l’opportunité du départ de cette force, de notre côté faire preuve de notre capacité d’auto prise en charge en rendant notre armée efficace et opérationnel avec une capacité de défense consolidée, et enfin en assumant efficacement le contrôle de nos frontières.

J’aime ce proverbe oriental qui dit « La précipitation a pour suivante le repentir ». Alors évitons d’en arriver au repentir.

Les jours passent et l’actualité préoccupe les rd-congolais du pays et de la diaspora. Pensez-vous qu’avant le 20 décembre 2016, la CENI organisera une forme d’élections ?

Vous savez, l’impératif constitutionnel est une contrainte à laquelle nul ne peut se soustraire. L’esprit de Sun City et le législateur de la constitution du 18 février 2016 ont barricadés les possibilités d’opérer par toutes formes d’intelligences le contournement de la Constitution. Avec le bloc qu’affiche l’opposition ce jour, les pressions internes et internationales (notamment les sanctions qui commencent à tomber sur les gouvernants), le gouvernement et la CENI ont entendu l’horloge du sérieux sonner.

Tout ce qui est sûr est qu’au 20 décembre 2016, le Président Kabila ne sera plus Président de la république, tous les mécanismes de la gestion de son départ sont inscrits noir sur blanc dans la Constitution.

Je me réjouis de l’attitude du peuple congolais qui montre sa faim des élections pour se choisir d’autres animateurs des institutions, vous pouvez par vous-mêmes imaginer les effets de la privation de ce besoin du peuple. J’espère et je souhaite qu’on n’en arrive pas là.

La candidature unique de l’opposition pose encore problème. Quelle est votre position par rapport à cela ?

L’opposition est naturellement plurielle. Il n’est donc pas étonnant d’entendre d’elle plusieurs sons de cloche. Concernant la candidature unique pour la présidentielle, l’opposition est en bonne voie pour donner de manière concertée une personnalité à même de porter un projet commun dont l’aspect principal est « le bonheur du peuple congolais ».

Genval que je soutiens, est signe d’une convergence positive vers « l’alternance démocratique » à travers des élections libres, démocratiques et transparentes, pour lesquelles le peuple a eu à faire beaucoup de sacrifice.

Vous avez été aperçu dans les salons bruxellois en compagnie du G7, pouvons-nous penser à un rapprochement ? Soutenez-vous maintenant Moïse Katumbi ?

Je l’ai dit. Genval a eu mon soutien depuis le début. Ma présence à Bruxelles entrait dans cette considération. Il est des moments où il faut faire corps avec les forces du changement. Etre grand, c’est aussi savoir s’effacer devant les moments forts au profit du collectif.

Le G7 est composé d’éminentes personnalités bénéficiant d’une présomption d’efficacité et de compétence au vu de leurs parcours politiques respectifs. Il faut être avec les meilleurs, s’il l’on veut avancer.

Concernant Moïse Katumbi, je dois rappeler que la province du Katanga était avant son démembrement la plus grande province de la RDC, et en remontant même dans l’histoire, elle fût un Etat en de 1960 à 1963. Par là, je veux montrer le gigantisme de cette ancienne province que Moïse Katumbi a eu à le gérer, et les résultats, la population l’a vécue, moi-même aussi, je l’ai vu par le fait d’y avoir habité.

Difficile de nier les œuvres de Moïse Katumbi à moins d’être … de mauvaise foi.

J’ai dit souvent : « Un politique qui a fait des bonnes œuvres est celui qui, après son mandat est capable d’aller tout seul acheter ses mangues au marché ». Moïse Katumbi est capable d’aller acheter ses mangues tout seul au marché.

La République Démocratique du Congo a plusieurs défis à relever. Le G7 avec qui j’ai trouvé des affinités électives soutiendra fortement Moïse Katumbi, et ce, dans toutes les circonstances, à l’image de la colonnade du temple de Salomon.

Au cas où il y aura élections sous toutes ses formes, rentrerez-vous au pays pour postuler ?

Postuler, un verbe qui me fait souvent cogiter. Je pense qu’un citoyen doit participer dans la vie politique, c’est un devoir. Mais cette participation peut être dans le domaine politique, économique, social, ou culturel. L’essentiel, c’est d’être acteur. L’élection est un moment du donner et du recevoir où l’offrant politique (le candidat) propose aux consommateurs politiques (les électeurs), un produit politique. Ce produit politique doit être de qualité, préparé avec minutie, et surtout ayant une  valeur ajoutée qui fera sa différence avec d’autres produits concurrents.

Nous sommes dans une préparation pour offrir au peuple congolais des innovations sociales afin de provoquer véritablement une transformation profonde de notre société. Nos savoirs acquis à la diaspora combinés à notre expérience professionnelle congolaise sont les deux outils dont nous nous servirons pour améliorer la vie de nos populations.

Étant profondément attaché à la RDC, j’entends son bramement et je ne saurais résister à cet appel, j’y répondrais avec exultation.  « On ne peut s’affirmer diaspora, que par la contribution que nous faisons à notre pays la RDC ».

CINARDO KIVUILA