Le film « Mbote » de Tshoper Kabambi au Festival du Film Européen

Le festival du film européen a débuté depuis le week-end dernier à Kinshasa. Au menu, plusieurs films non seulement des réalisateurs européens mais également des congolais. Un accent particulier pour cette édition.

Parmi les œuvres des rd-congolais figurent le court-métrage « Mbote » du producteur et réalisateur Tshoper Kabambi. Mbote veut dire bonjour, au sens où on souhaite quelque chose de bon à l’autre. C’est à Kinshasa que Tshoper Kabambi dit Mbote, à sa ville et à ceux qui l’habitent. Il en connaît les contradictions, la dureté des conditions de vie, les traquenards et les laideurs, mais aussi les potentiels et la vitalité.

Son film alterne les espaces privés des personnages et les rues grouillantes d’une ville qu’il épouse en un grand panoramique. Ce ne sont pas des héros qu’il met en scène, juste des gens qui se débrouillent avec la vie, avec leur courage mais aussi leurs mauvais côtés, leurs ombres. C’est pourtant ce mélange de courage et de faiblesses qui fait leur beauté. Le réel kinois est là, dans les galères du chômage et des poches vides, dans le coût prohibitif des services de santé et le mépris que subissent les petites gens, dans les traîtrises affectives et les non-dits, mais aussi dans les solidarités spontanées et les élans de vie, apprécie le Français Olivier Barlet, un des critiques influents du cinéma.

Ce film mosaïque évolue ainsi autour de ses personnages comme les facettes d’une ville aux multiples visages mais dont la vitalité explose. Voix-off récurrente, l’enfant malade que le père tente de faire soigner dit ce qu’il voudrait faire plus tard, être président de la République bien sûr, mais aussi avoir sa maison et sa réussite professionnelle – un modèle conservateur certes, mais tout simplement une vie heureuse auquel chacun peut aspirer avant même de penser le collectif.

De cette constellation de malentendus parfois amusants et totalement imprévisibles, ce n’est pas une leçon de morale que tire Kabambi : il ne juge pas ses personnages dans leurs déviances, il les aime au contraire dans leur capacité d’évoluer. Autant dans ses musiques que dans ses personnages, son film est un appel au courage, mais aussi une déclaration d’amour urbaine pour sa ville et ceux qui la font vivre.

PATRICK NZAZI