Le marché frontalier de Lufu situé dans le territoire de Songololo dans la province du Kongo Central (ex Bas-Congo) devient de plus en plus incontournable dans la politique de maximation des recettes de l’Exécutif provincial et du Pouvoir central de la RD Congo.
Tous les services de l’Etat y sont présents. Certains d’entre eux y ont déjà érigé des bâtiments modernes pour leur bon fonctionnement et d’autres sont d’entrain de le faire. Or, le marché lui-même ne dispose d’aucune infrastructure viable. Il n’a pas de pavillons, pas d’étalages, pas d’entrepôts, pas de boutiques, pas d’installations hygiéniques et pas de parkings aménagés. Ce, en dépit du nombre impressionnant de véhicules congolais et angolais qui fréquentent cette cité de Lufu avec comme point de chute son fameux marché.
Ce marché frontalier n’a aucun point d’eau. Ce qui inéluctablement (tout le monde le sait) a des conséquences néfastes sur la santé. L’état de la route qui y mène laisse aussi à désirer. «C’est un véritable paradoxe pour moi de voir que cette source sûre de recettes se trouve sans infrastructures. Et la vente des articles se fait à même le sol», témoigne Mamie Musawu, une commerçante kinoise visiblement choquée par l’état de Lufu. Par contre, de l’autre coté de la frontière, en Angola plus précisément, un grand marché réellement moderne est entrain de se construire à la grande satisfaction des commerçants de deux rives. Les congolais invitent donc les autorités compétentes à emboiter le pas à la République d’Angola. Si l’on en croit des sources, les autorités congolaises prennent déjà des initiatives pouvant viabiliser le site. Notamment l’asphaltage à 4 bandes de la Route nationale n°1(RN1-Lufu) grâce aux fonds perçus au péage instauré par le Gouverneur de la province du Kongo central, Jaques Mbadu.
Sur plan national, c’est le Ministère du Développement Rural, à travers le Projet d’Appui au Développement des Infrastructures Rurales (PADIR) qui vient au secours de la province avec un financement de la Banque Africaine de Développement (BAD). Au départ, le PADIR avait prévu la construction de 8 marchés ruraux (y compris celui de Lufu) avec point d’eau, boutiques, entrepôts, latrines et parkings à travers toute l’ancienne province du Bas-Congo pour un coût estimé à USD 150 000 par marché, soit un total de USD de 1,2 millions. Tenant compte du rôle économique important que joue le marché de Lufu et sur proposition du gouvernement provincial Ne Kongo faite au Task manager du PADIR, Mme Aminata SOW, devant la partie congolaise composée des membres du Comité de pilotage du projet alors en mission de revue à mi-parcours dans cette province, il a été décidé de concentrer tous les efforts sur le site de Lufu pour y construire un grand marché moderne. Cela permettrait une grande visibilité du PADIR et éviterait le saupoudrage et les actions isolées.
A l’heure actuelle, les études préalables ont déjà pris fin. La Coordination provinciale du Service National de l’Habitat Rural a déjà disponibilisé le plan, l’Agence locale d’exécution a été recrutée et installée à Mbanza Ngungu. Il ne reste plus que le décaissement des fonds par le Banque africaine de développement (BAD).
CAROL NZORE (MONDE RURAL)