Musique & Tech : Combien touchent les artistes grâce au streaming musical ?

A l’heure actuelle, la musique évolue de pair avec les plateformes digitales. Vous vous êtes déjà demander, comment sont rémunérés les artistes par stream (écoute) ? Dans cet article, nous allons tout vous dire.

À part quelques exceptions, les systèmes de rémunération des artistes sur les plateformes de streaming musical restent assez opaques. Il est bien difficile de donner une estimation précise car plusieurs facteurs sont susceptibles d’influencer la rémunération des artistes. Nous citons : le pays, les types d’abonnement proposés par la plateforme de streaming musical, le nombre d’écoutes (streams) et le taux prélevé par le label.

Les streams par plateforme 

En publiant une déclaration sur son modèle de paiement en juin 2021, Apple a récemment fait un pas vers plus de transparence dans ce domaine. Selon ce document, le taux moyen de rémunération serait de 0,01 USD par écoute (0,0086 € au taux de change actuel), ce qui signifie que chaque lecture rapporte un centime (de dollar) à l’éditeur détenant les droits du morceau. Même s’il s’agit d’un montant relativement faible, Apple Music se classe parmi les services qui affichent les meilleurs taux de rémunération, soit 1 euro pour un peu plus de 100 écoutes.

Comme le montre notre graphique basé sur des données collectées auprès de différentes sources (Digital Music News, The Trichordist, Forbes, etc.), le service français Deezer se situe également en haut du classement, avec une moyenne d’environ 200 lectures pour un euro distribué. Toutefois, ce mode de calcul au prorata ne rend pas vraiment compte du nouveau système de rémunération dévoilé par la plateforme l’année dernière. Ce nouveau système se base sur les écoutes individuelles des utilisateurs, ce qui signifie désormais que l’argent de chaque abonnement est réparti entre les seuls artistes écoutés par l’abonné.

Le leader du marché, Spotify, affiche de son côté un taux de 0,0032 USD par stream (0,0028 €), soit une moyenne de 360 écoutes nécessaires pour gagner 1 €. Bien que ce ratio ne soit que légèrement inférieur à la moyenne en comparaison aux autres services, Spotify compte presque trois fois plus d’abonnés payants que ses concurrents directs, ce qui pose question sur l’équité de son modèle. Son PDG, Daniel Ek, minimise régulièrement ces critiques et évoque notamment le manque d’engagement des artistes. Dans une interview pour Music Ally en juillet 2020, Ek avait déclaré : « Vous ne pouvez pas enregistrer de la musique une fois tous les 3 ou 4 ans et penser que ça va suffire. Les artistes qui réussissent aujourd’hui comprennent qu’il s’agit de créer un engagement continu avec leurs fans. Il s’agit d’y mettre du travail, […] et de maintenir un dialogue continu avec les fans ».

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Ce dialogue avec les fans dépend bien sûr de la volonté de ces derniers de soutenir des artistes spécifiques, un modèle qui a été adopté par le service de chinois de streaming, Tencent Music. Alors que le nombre de lectures ne contribue que très peu à la rémunération sur cette plateforme, cette dernière a introduit des micropaiements (pourboires). Non seulement elle réalise la majeure partie de ses revenus par le biais d’une commission sur ces transactions, mais elle offre également aux artistes une autre source de revenus. Ce modèle n’est cependant pas aussi facilement adaptable qu’on pourrait le croire, la culture du pourboire en ligne appelée « da shang » étant courante en Chine, mais encore relativement inhabituelle dans les pays occidentaux.

En République Démocratique Congo, Muska, la plateforme de musique adaptée aux réalités socio-culturelles du pays a deux méthodes de rémunérations. Premièrement, Cinquante-cinq pour cent (55%) du prorata du nombre de streams de l’enregistrement divisé par le revenu net perçu par Muska du nombre d’abonnés de la période calculée. Deuxièmement, le nombre de streams de l’enregistrement x 0.001 USD. Donc, Muska paie au détenteur de droit (distributeur, label, artiste auto produit) la somme la plus grande des deux calcules.

Si les mécanismes et les méthodes de paiement doivent encore être améliorés, le streaming musical est aujourd’hui devenu la plus importante source de revenus du segment de la musique enregistrée. En 2020, 62,1% des revenus mondiaux provenaient des services de streaming, les disques (CD, vinyles) et les téléchargements représentant respectivement 19,5 % et 5,8 %.

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EVENTSRDC.COM AVEC STATISTA.COM