Ndaye Mulamba : un héros oublié !

Détenteur depuis 33 ans de record de buts marqués en finales de CAN (9 buts), Pierre Ndaye Mulamba voit le jour à Kananga, au Kasaï Central le 4 novembre 1948 (69 ans). Il démarre sa carrière de footballeur au sein de Renaissance à Kananga en 1963 jusqu’à 1973. Il rejoint As Bantous durant quelques mois avant d’atterrir à la même année à l’As V.Club de Kinshasa. La dernière fois que je l’ai rencontré c’était le 12 avril 2005, à Kinshasa lors d’une cérémonie de remise de la médaille du mérite du Centenaire de la FIFA par Sepp Blatter l’ancien président de la FIFA.

Au centré et tenant le célèbre maillot des Léopards du Zaïre, Ndaye est entouré des rd-congolais et des belges. Ph.BBC

Découvrant très jeune le football, il est déjà à 15 ans une star dans sa région. En effet, il joue son premier match pour la Renaissance du Kasaï à cet âge-là, il a été intégré dans ce club par des frères belges, ayant flairé le talent de ce jeune. Ses débuts sont une réussite, il inscrit deux buts face à l’ennemi juré : l’Union Saint-Gilloise. Contraint par son père de terminer ses études pour devenir instituteur, Pierre connaît cependant une progression fulgurante. Il est pré-sélectionné en 1967 pour rejoindre l’équipe nationale de la République Démocratique du Congo. Cependant il ne sera pas sélectionné pour la Coupe d’Afrique des Nations 1968 par son entraîneur Ferenc Csanádi, qui privilégiait l’expérience des « Belgicains » (les joueurs congolais évoluant en Belgique).

 

Sa carrière

Pierre quitte en 1972 le club de la Renaissance de Kasaï et par la même occasion arrête d’occuper son poste d’enseignant à Luluabourg, préférant s’adonner au football. Il rejoint les rangs de l’AS Bantou, célèbre club de la ville de Mbuji-Mayi. Déjà adoré dans son ancien club, Pierre Ndaye Mulamba devient au fil du temps une star nationale. Il est surnommé Mutumbula, le léopard. En 1973, il signe au Vita Club de Kinshasa, scellant son nouveau statut, celui de star nationale et remportera la Coupe d’Afrique des Champions en novembre de la même année. Il est sélectionné à maintes reprises par le nouveau sélectionneur Blagoje Vidinić. En 1974 se tient en Égypte la Coupe d’Afrique des Nations.

 

La Coupe d’Afrique des Nations 1974 est pour Pierre Ndaye Mulamba l’occasion de se faire un nom en Afrique. Attaquant vedette des Léopards du Zaïre (le Congo est renommé Zaïre en 1971 par le président Mobutu Sese Seko), Pierre Mulamba va en effet confirmer son statut. Il marque 9 buts dont 4 en finale (il y a eu deux finales : une première où les Zambiens et Zaïrois se sont neutralisés sur le score de deux partout et une deuxième finale « barrage » remportée par les Zaïrois sur le score de 2-0). Mutumbula « Volvo » comme on le surnomme toujours reste donc dans l’histoire du football africain en gardant le plus grand total de buts inscrits en une seule Coupe d’Afrique des Nations. Sur instruction du chef de l’État, chaque joueur recevra une maison dans le quartier Salongo à Kinshasa ainsi qu’une voiture.

 

La Coupe du monde 1974 : la descente aux enfers

Les Léopards perdent tous leurs matchs. Le premier par 2-0 face à l’Écosse, Mulamba assiste impuissant à la défaite de son équipe. L’équipe repart avec un cinglant 9-0 contre la Yougoslavie. De plus, Mulamba sera expulsé pour trois matchs par la FIFA. Le Brésil battra les Zaïrois par 3-0. Éliminés au premier tour sans marquer un seul but, les Zaïrois repartent humiliés.

 

Pierre Ndaye Mulamba finit sa carrière au Vita Kinshasa où il mène son équipe pour la deuxième fois en finale de la Ligue des Champions africaine (perdue par le Vita Kinshasa en 1981).

 

De 1994 jusqu’à aujourd’hui : la cérémonie de Tunis, le début de la fin

Privé de toutes les médailles qu’il aurait espéré récolter, Pierre Ndaye Mulamba se fait une joie de recevoir à Tunis des mains de Issa Hayatou une médaille pour tout ce qu’il a apporté au football africain. Il espère cette fois garder la médaille pour lui, sa seule récompense, sa seule reconnaissance.

 

Pierre Ndaye Mulamba a aussi longtemps vécu en Afrique du Sud dans les townships, exerçant le métier de car parker : il restait toute la journée durant sur des parkings pour vérifier s’il n’y avait pas de vol et espérait quelques rands en remerciement, un métier beaucoup pratiqué par les pauvres en Afrique du Sud. Il va cependant être aidé par Nzwaki, une Sud-Africaine avec qui il se marie en 2009. Il est récompensé pour tout ce qu’il a fait pour le football africain par Sepp Blatter en 2009 aux côtés d’Abedi Pelé.

 

Distinctions personnelles, il a été décoré de l’Ordre national des Léopards suivi en 2002 d’une médaille de Ndembo Awards pour l’ensemble de sa carrière et le 12 Avril 2005 il reçoit à Kinshasa une médaille de mérite du centenaire de la FIFA des mains de son président sortant et enfin, une soirée d’hommage pour récolter les fonds par Romain Lobo Tshibwabwa. Une fin de carrière pénible pour celui qui fut un héros.

EALE IKABE JEAN-PIERRE (Avec Google)