RDC : Premier Salon des littératures en langues congolaises pour la valorisation de l’identité culturelle

Le premier salon des littératures en langues congolaises ouvrent ses portes du mercredi 22 au jeudi 23 février 2023 à la bibliothèque du Centre Wallonie-Bruxelles à Kinshasa. Carrefour littéraire d’idées inventives, il veut sauvegarder et valoriser ostensiblement l’identité culturelle du peuple rd-congolais.

Les langues nationales d’un pays sont un patrimoine irréfutable, un socle identitaire indéniable et une indépendance spirituelle. « Un peuple sans sa langue est un peuple perdu », disait à la BBC le célèbre musicien d’origine camerounaise Richard Bona.

En République Démocratique du Congo, les langues nationales ont un ascendant fédérateur, esthétique voire affable. Mais restent cependant butées à des contraintes de mise en valeur. En musique ou dans les arts du spectacle, les langues nationales sont très souvent mises sur orbite. Dans le contexte éducatif, elles sont étudiées dans les écoles et universités mais s’avèrent beaucoup moins utilisées.

L’adversité avec le français, la langue officielle en RDC est accrue. Donner aux langues nationales une place prépondérante s’avère impératif pour promouvoir et pérenniser leur existence.

Valoriser les langues nationales et miser sur la coexistence avec le français

L’objectif du premier salon des littératures en langues congolaises n’est pas d’abolir le français qui s’est déjà imposé sur le territoire rd-congolais. La preuve, la RDC est le plus grand pays francophone du monde sur le plan démographique. Mais le souci est d’opter pour une coexistence comme norme du centre.

Écrivain et ex-Directeur général de l’Institut national des arts, le Professeur Yoka Lye Mudaba martèle sur l’apprentissage des langues nationales et surtout sur leur utilisation optant pour une connaissance de langues étrangères.

« La langue est comme un arbre qu’on plante. Elle va grandir avec la façon dont nous l’aidons et consolidons. Mais tôt ou tard, l’arbre grandira par la force du monde, du soleil et de la terre ainsi que par sa propre grâce », a déclaré le Professeur Yoka Lye Mudaba, l’un des intervenants au premier salon des littératures en langues congolaises.

L’ex-DG de l’INA s’est interrogé sur le combat que mènent les intellectuels rd-congolais pour donner aux langues nationales leurs lettres de noblesse. Ce combat ne doit surtout pas être celui de demain mais d’aujourd’hui. « Apprendre une langue c’est de la parler, la parler correctement », a-t-il ajouté.

Pour sa part, le Professeur Crispin Malubungi, écrivain, a présenté des composantes essentielles de la littérature rd-congolaise moderne expliquant entre autres la littérature orale, la littérature écrite en langue française et la littérature écrite en langues congolaises.

Citant dans son exposé Cheikh Anta Diop et Montesquieu qui ont démontré le pouvoir du facteur linguistique dans une culture, le Prof Crispin a préconisé la sauvegarde des langues nationales. « Il y a un intérêt à sauvegarder sa langue mais aussi et surtout à la développer. Et puisque le développement d’une langue se mesure, le développement des langues congolaises qui constitue le socle de notre identité culturelle, doit aller de pair avec celui de la littérature produite dans ces langues », a-t-il laissé entendre.

Poésie chantée dans les langues rd-congolaises, une richesse à sauvegarder

La RDC est une vaste étendue musicale avec à la clef un florilège des musiciens. Au sein de cette rumba récemment sacralisée, la poésie chantée occupe une place prépondérante.

« La rumba est notre poésie chantée en langues nationales avec sa mise en scène propre et ses personnages typiquement congolais. Avec ses rituels, ses célébrants, ses mythes… », a laissé entendre le Professeur Jean-Marie Ngaki, l’un des intervenants au premier salon des littératures en langues congolaises.

Réjoui du travail d’orfèvre qu’abattent les spécialistes de l’INA pour la transcription sur partition des chansons les plus emblématiques de la rumba rd-congolaise avec à l’appui le Centre Wallonie-Bruxelles, le Prof Jean-Marie Ngaki plaide pour que ce patrimoine ne soit pas qu’oral mais aussi écrit. Une initiative qui permettra à la rumba de franchir une autre dimension poétique et esthétique.

Notons que les rideaux de ce premier salon des littératures en langues congolaises tombent ce jeudi 23 février 2023 à la bibliothèque du Centre Wallonie-Bruxelles à Kinshasa.

CHADRACK MPERENG