Yvon Dangbele : « Personnellement, je ne quitterai pas le MLC »

Réagissant à la sanction infligée au Sénateur et Président National du Mouvement de Libération du Congo Jean-Pierre Bemba Gombo, le député national MLC -Yvon Dangbele est convaincu que la Cour Pénale Internationale n’a pas bien fait son travail. Il estime que cette sentence renferme une certaine injustice. Néanmoins, il reste optimiste quant à l’avenir de leur parti. Il souhaite qu’une reforme ait lieu dans un futur proche afin de donner plus de pouvoir et de considérations à la base, plutôt qu’au directoire national.  

La Cour Pénale Internationale venait de prononcer la peine de 18 ans contre le Sénateur et Président du Mouvement de Libéralisation du Congo pour crime de guerre et autres. Comment digérez-vous cette sanction ?

Je pense que c’est un procès politique. Parce les co-auteurs des soi-disants crimes commis en République Centrafricaine n’ont jamais étaient jugés. La CPI  a dit que JP Bemba est condamné pour négligence. C’est du jamais vu.

Le Président du MLC a donné l’ordre de violer ou de tuer. Lui-même n’a jamais fait cela. C’est une première dans une juridiction pénale internationale. Là, nous allons voir comment la presse internationale et nationale abordera ce sujet. Clairement, ici en République Démocratique du Congo, plusieurs politiciens tiennent à l’écarter de la course à la présidentielle.

Il y a un sérieux problème de légitimation dans notre pays et cela a débuté depuis 1960 avec Joseph Kasa-Vubu et Patrice Emery Lumumba. Et à ce jour la classe politique congolaise s’est arrangée pour ne plus parler des élections. Récemment, l’Opposition venait de participer à un conclave qui sûrement était financé par la communauté internationale dans le seul but d’écarter Bemba du jeu politique et placer leur pilon.

C’est qui est sûr, par rapport au verdict, nous irons en appel.

Cette décision est tombée au moment où il y a des turbulences politiques au pays. Comment devinez-vous l’avenir du MLC ?

Notre parti a des racines sociologiques nationales qui lui permettront de vivre aussi longtemps possible. Il a des sénateurs, des députés, des gouverneurs et autres membres. Il a une racine et une base solide. Il faut des reformes nécessaires rapides pour participer au développement du Congo au prochain pouvoir.

Personnellement, je ne quitterai pas le MLC. Je dois accompagner le parti jusqu’à la sortie de Bemba de la prison. Après l’appel, nous prendrons acte de ce que la cour annoncera comme sanction. Il faudra vraiment des reformes au sein du MLC. Nous devons changer l’organigramme en donnant plus de poids à la base, plutôt qu’à la hiérarchie du parti.

Nous devons aider Bemba à trouver un parti en forme à sa sortie de la prison. Le MLC n’est pas mort. Mais au moins la population congolaise est meurtrie par rapport à la peine prononcée contre leur leader. Le MLC survivra jusqu’après la prison de Jean-Pierre Bemba.

Quel candidat alignerait le MLC aux prochaines élections présidentielles ?

Normalement, c’est un choix qui se fera au Congrès du parti tout en se référant de notre statut et de notre règlement intérieur. Seul, je ne peux pas désigné un candidat. Ça ne se fait pas. Maintenant, c’est encore très tôt, surtout que nous n’avons même pas le calendrier électoral. Le gouvernement dit qu’il n’y a pas d’argent pour organiser les élections. C’est terrible pour le Congo. L’avenir du pays devient sombre. L’incertitude plane.

Un  message aux militants, aux sympathisants et à toutes les personnes qui soutiennent le MLC à travers le monde ?

Que toutes ces personnes restent à l’écoute du MLC et de Jean-Pierre Bemba. L’union fait la force. Avec Dieu, nous vaincrons.

Le calendrier électoral tarde et tous les politiciens préfèrent s’attarder sur le conclave et le dialogue, oubliant la Constitution qui établit clairement les règles du jeu démocratique.

En vous entendre parler, nous comprenons que le MLC ne coalisera pas avec d’autres partis politiques de l’Opposition en vue de soutenir un candidat unique ?

Il y aura des alliances au moment opportun afin de conquérir le pouvoir. Actuellement, c’est trop tôt pour parler de cela. Nous avons encore du temps pour penser aux coalitions et autres formes de coopération à l’Opposition.

Un mot sur le dialogue politique national et inclusif ?

Le dialogue n’est pas constitutionnel. Depuis 1960, les politiciens congolais cherchent toujours des termes ou des mots pour prendre le pouvoir. Chers compatriotes, évitons de contourner la Constitution pour arriver au pouvoir. Respectons les textes. Évitons d’aller au-delà de deux mandats pour préserver la paix et la démocratie. Nous entrons dans l’incertitude et les conséquences sont nombreuses entre autre la hausse du cours d’échange, le budget national a été revu à la baisse à 30%… Tout un tas de choses affecte le pays. Ce n’est pas bon pour un pays. Cela ne profite pas aux congolais.

Que ceux qui ont organisé le conclave de Genval nous disent sincèrement l’origine des fonds qui ont été alloués à ces assises et publient également la liste de tous participants. Le pays est assis sur les textes. Evitons de nous appuyer aux rencontres qui contournent la Constitution.

Que dites-vous à tous les rd-congolais ?

Ensemble, attendons ce que la Cour dira après la requête en appel qu’introduiront incessamment les avocats de Bemba et après, nous nous prononcerons.

CINARDO KIVUILA